Genki dans la ligne de mire de Nintendo : quand la Switch 2 devient un champ de bataille juridique

Publié le 6 mai 2025 à 14:57

L’industrie du jeu vidéo vit actuellement un bras de fer juridique aussi inattendu que révélateur : Nintendo, entreprise emblématique du divertissement interactif, a lancé une action en justice contre Genki, société connue pour ses accessoires de qualité pour consoles Nintendo. En cause ? Des maquettes imprimées en 3D de la très attendue Nintendo Switch 2, présentées publiquement avant toute annonce officielle de la part de Big N.

L’affaire remonte au salon Consumer Electronics Show (CES) de janvier 2025, où Genki a attisé la curiosité du public et des médias en présentant des rendus, puis des maquettes imprimées en 3D d’une supposée « Nintendo Switch 2 ». L’équipe de Genki, et en particulier son PDG Edward Tsai, aurait explicitement mentionné avoir accès à une Switch 2 authentique et déclaré que leurs modèles étaient directement basés sur celle-ci. Plus encore, Genki aurait utilisé des marques déposées de Nintendo (comme le logo officiel) dans ses supports de communication. Cela a suffi pour déclencher la colère du géant japonais, soucieux de garder un contrôle absolu sur le timing et la manière de dévoiler ses futurs produits.

Dans la plainte déposée récemment, Nintendo accuse Genki (et sa maison-mère Human Things) de violation de marque, concurrence déloyale et publicité mensongère. Le procès vise à :

  • Faire interdire l’usage de toute marque Nintendo par Genki à l’avenir.

  • Obliger à la destruction de tous les produits liés à la Switch et à la Switch 2 conçus par Genki.

  • Obtenir des dommages et intérêts, triplés selon les dispositions de la loi en cas de faute caractérisée.

Une démarche radicale, mais cohérente avec la réputation de Nintendo, connu pour sa protection intransigeante de ses propriétés intellectuelles.

Face à cette action en justice, Genki a publié un communiqué sobre sur X (anciennement Twitter), reconnaissant la procédure en cours. La société explique qu’elle travaille avec des avocats pour répondre « de manière réfléchie », tout en insistant sur le fait qu’elle poursuit normalement ses activités, notamment la présentation de nouveaux produits lors de la convention PAX East.

« Nous sommes fiers du travail accompli et garantissons la qualité et l’originalité de nos produits »,

écrit Genki, en insistant sur son indépendance et son attachement à la communauté de joueurs. Une façon de montrer sa volonté de coopérer tout en protégeant sa réputation auprès de ses fidèles clients.

Ce qui rend cette affaire si explosive, c’est l’accusation implicite selon laquelle Genki aurait délibérément devancé Nintendo pour capter l’attention médiatique. Le procès affirme que, même après avoir été approchée par les avocats de Nintendo lors du CES, la société aurait persisté à exposer publiquement ses maquettes et ses rendus dans une vidéo promotionnelle, avec le logo de la Switch 2 bien visible. Pour Nintendo, il s’agit clairement d’une atteinte directe à son secret industriel et à sa stratégie marketing. Pour Genki, c’est potentiellement un malentendu… ou une stratégie de com' un peu trop audacieuse.

Cette affaire soulève une question majeure pour les fabricants tiers : jusqu’où peut-on aller dans l’anticipation de nouveaux produits sans franchir la ligne rouge légale ? S’inspirer de fuites ou de modèles non officiels est une pratique courante dans le domaine, mais ici, Genki semble avoir affirmé – explicitement – avoir eu accès à un prototype réel, ce qui change complètement la donne. Si Nintendo obtient gain de cause, cela pourrait créer un précédent très restrictif pour les créateurs d’accessoires qui travaillent sur des plateformes non encore annoncées.

En attendant la décision du tribunal, Nintendo démontre une fois encore sa détermination à protéger son image et ses lancements à tout prix. Quant à Genki, l’entreprise joue la carte de l’apaisement, mais devra convaincre la justice qu’elle n’a pas franchi les limites de la légalité. Le sort de leurs produits – et peut-être une partie de leur avenir commercial – dépendra de la manière dont cette affaire sera tranchée dans les semaines à venir.


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