
Dans un contexte de concurrence toujours plus féroce dans l'industrie vidéoludique, Square Enix prend un virage stratégique majeur. L’éditeur japonais, célèbre pour ses licences phares comme Final Fantasy, Dragon Quest ou Kingdom Hearts, a annoncé en mai 2024 un plan de redémarrage ambitieux sur trois ans. L'objectif ? Réorienter en profondeur sa manière de produire, pour assurer une croissance durable, plus cohérente et qualitative. Et ce grand ménage a bel et bien commencé, comme en témoignent les derniers résultats financiers du groupe.
Le cœur du projet repose sur une idée simple, mais exigeante : moins de jeux, mais de meilleure qualité. Square Enix veut en finir avec les productions en masse, parfois incohérentes ou inégales, pour se concentrer sur ce qui fonctionne : ses intellectual properties (IP) majeures. D’ici mars 2027, l’éditeur entend instaurer un nouveau rythme de production plus rigoureux, misant sur des titres AAA, mieux finis et régulièrement publiés. Un objectif audacieux dans un secteur qui valorise à la fois l’innovation rapide et les sorties fréquentes.
Pour y parvenir, Square Enix a mis en place plusieurs mesures concrètes. D'abord, l’annulation de nombreux projets jugés incompatibles avec cette nouvelle ligne éditoriale. L’idée est claire : concentrer les ressources et les talents sur des projets à fort potentiel, plutôt que de diluer l'effort sur trop de fronts.
Ensuite, l’entreprise s’est engagée dans une rationalisation de sa structure de développement : les projets sont désormais gérés en interne, sous une même direction de studio. Fini l’externalisation dispersée : cette centralisation vise à accumuler, partager et standardiser le savoir-faire, pour garantir un niveau de qualité élevé sur chaque titre.
Côté rentabilité, Square Enix optimise ses modèles économiques en diversifiant les plateformes de distribution, en multipliant les modes de paiement (jeux complets, abonnements, microtransactions), et en réduisant les coûts opérationnels.
Sous sa nouvelle structure de gestion, l’éditeur a passé en revue tous les projets en cours, aussi bien les jeux à gros budget (HDG) que les productions plus modestes (SD). Résultat : certains titres ont été interrompus, tandis que d'autres bénéficient désormais d’investissements accrus pour être peaufinés. Cette stratégie de "sélection et concentration" doit garantir que chaque lancement à venir ait le poids d’un événement.
L’un des éléments les plus marquants de cette transformation est le virage vers le multiplateforme, jusque-là marginal chez Square Enix. L’éditeur souhaite désormais que ses plus grandes licences ne soient plus limitées à une seule console, mais disponibles sur l’ensemble des plateformes majeures. Une démarche illustrée tout récemment par l’annonce de Final Fantasy VII Remake Intergrade sur Nintendo Switch 2 — une décision symbolique et stratégique. Cela marque une rupture avec une tradition souvent orientée PlayStation-first, et ouvre la voie à un public élargi et à des revenus plus stables.
Avec ce plan de redémarrage, Square Enix ne se contente pas de corriger le tir après quelques années en dents de scie : l'entreprise veut réinventer sa méthode, affiner son identité éditoriale, et reprendre le contrôle de son avenir dans un paysage vidéoludique en mutation.
La recette ? Moins de projets, mais plus ambitieux. Moins d’externalisation, mais plus d’excellence interne. Moins d’exclusivités, mais plus d’accessibilité. Si le pari est réussi, Square Enix pourrait bien redevenir l’un des studios les plus respectés de l’industrie, en alliant créativité japonaise et efficacité industrielle.
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