Hideo Kojima face à la mortalité : quand la maladie devient moteur de création

Publié le 16 mai 2025 à 14:39

Hideo Kojima a eu 60 ans pendant la production de Death Stranding 2: On the Beach. Un cap symbolique ? Pas vraiment. C’est une autre expérience qui a provoqué chez le créateur japonais une véritable introspection : une grave maladie contractée durant la pandémie. Dans une longue interview accordée à Edge Magazine, Kojima se livre sans fard sur ce moment charnière de sa vie — et sur les profondes décisions qu’il a prises depuis.

« Je ne me sentais pas vieux... jusqu’à ce que je tombe malade »

Kojima commence par relativiser son passage à la soixantaine. Jusque-là, dit-il, il se sentait éternellement jeune, créatif, presque invincible.

« Jusque-là, je ne ressentais pas mon âge. Je pensais pouvoir créer toute ma vie. »

Mais le choc est survenu pendant la pandémie. Non seulement il est tombé malade, mais il a également subi une opération des yeux. Pendant un temps, il s’est retrouvé dans l’incapacité de créer. Autour de lui, il voyait des proches mourir. Cette confrontation brutale avec la mort l’a obligé à poser la question que beaucoup redoutent : combien de temps me reste-t-il pour créer ?

 

Loin de sombrer dans l’apathie, Kojima a choisi d’agir. Cette prise de conscience lui a donné l’élan pour initier plusieurs projets majeurs :

  • Death Stranding 2: On the Beach, la suite de son œuvre post-apocalyptique

  • Physint, un jeu d’espionnage soutenu par Sony et clairement inspiré par Metal Gear

  • OD, une expérience étrange et énigmatique développée avec le soutien de Xbox

« Pendant ma maladie, j’ai compris que beaucoup de fans voulaient que je revienne à quelque chose comme Metal Gear. C’est ce qui a motivé Physint. »

Kojima a aussi envisagé un passage au cinéma, encouragé par ses amis et collaborateurs Guillermo del Toro et Nicolas Winding Refn. Mais ces derniers lui ont conseillé de rester dans le jeu vidéo, là où sa singularité est la plus puissante.

 

Plus étonnant encore, Hideo Kojima a commencé à penser à l’après. Pas juste à l’après-projet, mais à l’après lui. Que deviendra Kojima Productions quand il ne sera plus là ? La question le hante.

« J’ai donné une clé USB contenant toutes mes idées à mon assistant personnel, un peu comme un testament. »

Ce geste hautement symbolique en dit long sur la volonté de Kojima de pérenniser sa vision. Il ne veut pas que son studio se contente de recycler ses anciennes licences. Il veut qu’il évolue, qu’il crée encore, même sans lui. Il évoque de plus en plus la possibilité de transmettre sa philosophie de création à une nouvelle génération.

Ce que la maladie a révélé, c’est un Kojima plus humain, plus vulnérable, mais aussi plus motivé que jamais. Il ne s'agit plus seulement de concevoir des jeux, mais de laisser une empreinte durable dans le monde vidéoludique. Chaque projet devient une forme d’héritage.

 

La pandémie n’a pas seulement modifié l’agenda de Hideo Kojima. Elle a bouleversé sa perception du temps, de la mort, et de la transmission. À travers Death Stranding 2, Physint, OD et d'autres projets encore secrets, il cherche à sceller sa légende tout en préparant l’avenir de son studio.

Chez Kojima Productions, la fin n’est pas encore là — mais elle est pensée. Et comme toujours avec Kojima, même la mort devient matière à création.


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