Jeux vidéo à 90€ : Shuhei Yoshida défend un prix juste pour une expérience de qualité

Publié le 19 mai 2025 à 13:12

Lors d’un entretien exclusif avec Critical Hits Games durant la dernière édition de la Gamescom Latino-Américaine, Shuhei Yoshida – figure emblématique de l’écosystème PlayStation, ancien directeur des jeux indépendants chez Sony – a livré sans détour son avis sur la polémique persistante autour du prix croissant des jeux vidéo.

 

Pour Yoshida, l’augmentation du prix des jeux n’a rien d’illogique. Au contraire, elle serait même tardive. Alors que le coût de la vie grimpe dans tous les domaines – énergie, alimentation, logement, loisirs – l'industrie vidéoludique aurait longtemps résisté à l'inflation, à tort selon lui.

« Le prix des autres produits a augmenté bien plus que celui des jeux. Il était presque trop tard pour que les sociétés de jeux vidéo commencent à se pencher sur la structure des prix », affirme-t-il. Un constat qui va à rebours de l’opinion publique souvent agacée de voir certains jeux atteindre, voire dépasser, la barre des 80 ou 90 euros. Mais pour Yoshida, cette critique est mal orientée.

 

L’ancien directeur des jeux indés défend une approche plus nuancée : le prix doit être adapté à chaque jeu, selon sa valeur, son ambition et son budget de développement. En somme, il n’existe pas de prix universel.

« Chaque jeu a une valeur ajoutée et un budget différents. C’est à l’éditeur – ou au développeur qui auto-édite – de fixer le prix selon la valeur perçue. »

Une logique partagée aussi par Nintendo, comme l’a confirmé Bill Trinen, vice-président chez Nintendo of America, qui expliquait récemment fixer les tarifs « en fonction du contenu et de la valeur de chaque jeu ». Ainsi, le mini-jeu Welcome Tour sur Switch 2 est proposé à 10 dollars, bien que comparable au Astro’s Playroom de PlayStation, offert gratuitement.

 

Selon Yoshida, un jeu vendu à prix fort peut parfaitement justifier cette dépense si le contenu est à la hauteur. Il cite le cas des grands jeux qui offrent des dizaines d’heures de plaisir, de narration et d’exploration.

« Pour de très bons jeux, je pense que ce sera toujours une bonne affaire en termes de quantité de divertissement que ces jeux apportent par rapport à d’autres formes de divertissement. »

Il n’est pas rare qu’un jeu AAA offre plus de 60 ou 100 heures de contenu, bien plus que ce qu’un billet de cinéma ou un abonnement de streaming peut proposer sur une durée équivalente. Dans cette optique, payer 80 ou 90 euros n’est pas une dépense inconsidérée, mais un investissement dans une expérience riche et durable.

 

Enfin, Yoshida en appelle à la responsabilité individuelle des joueurs : c’est à chacun de faire des choix selon ses priorités et ses moyens. Il ne condamne pas la critique, mais encourage une réflexion plus large sur la valeur réelle des jeux vidéo dans le paysage culturel et économique actuel.

« Tant que les gens choisissent avec soin la manière dont ils dépensent leur argent, je ne pense pas qu’ils devraient se plaindre. »

 

À l’heure où le prix des jeux vidéo fait débat, Shuhei Yoshida rappelle une vérité essentielle : la qualité a un coût, et celui-ci est souvent justifié. Si certains titres peuvent sembler chers, ils offrent aussi des expériences immersives, riches et durables. Une réalité que l’industrie – et les joueurs – gagneraient à reconnaître, à condition que les éditeurs respectent l’équilibre entre prix, contenu et qualité.


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