Jeux Vidéo et Abonnements : Shuhei Yoshida alerte sur les risques d’un modèle trop centralisé

Publié le 29 mai 2025 à 13:14

Lors de la Gamescom LATAM, Shuhei Yoshida, figure emblématique de l'industrie vidéoludique et ardent défenseur des jeux indépendants, a partagé une réflexion lucide sur l’avenir du jeu vidéo dans un monde de plus en plus dominé par les services d’abonnement.

L’ancien patron de PlayStation, s’est exprimé auprès de Game Developer sur la montée en puissance de services comme le Xbox Game Pass, mettant en garde contre un avenir potentiellement « dangereux » pour les studios indépendants.

Shuhei Yoshida reconnaît sans détour les avantages des abonnements pour les joueurs – un accès massif et économique à des bibliothèques de jeux variées. Toutefois, il alerte sur le danger d’une trop grande centralisation de l’offre autour de ces plateformes fermées, ou walled gardens.

« Si la seule façon pour les gens de jouer à des jeux est par le biais d'abonnements, c'est vraiment dangereux », explique-t-il.
« Le type de jeux qui peut être créé sera dicté par le propriétaire du service. »

Une telle concentration pourrait nuire à la diversité créative : les jeux risqueraient d’être calibrés selon les attentes commerciales des grands groupes, mettant de côté les idées originales et expérimentales qui émergent souvent des studios indépendants.

Sans cacher son affiliation passée à PlayStation, Yoshida juge que la stratégie plus prudente de Sony avec le PlayStation Plus pourrait mieux préserver l’équilibre entre créativité et rentabilité. En effet, Sony mise sur une sortie premium traditionnelle pour ses titres majeurs, avant de les intégrer au service d’abonnement plusieurs mois plus tard.

« Il s'agit de ne pas faire de promesses excessives et de permettre aux joueurs de dépenser de l'argent pour acheter les nouveaux jeux. »

Contrairement à Microsoft, qui avait initialement promis de proposer tous ses jeux first-party sur Game Pass dès le jour de leur sortie – un engagement dont l’entreprise semble aujourd’hui vouloir se détacher.

Yoshida estime que cette approche « day one » pourrait avoir été une erreur stratégique. Selon lui, cela pèse lourdement sur la viabilité financière des titres, tout en orientant fortement la conception des jeux vers des modèles standardisés.

Cela dit, Yoshida n'est pas dans une posture d'opposition systématique. Il salue la rigueur technique de Microsoft dans le domaine de la rétrocompatibilité, soulignant leur travail d'ingénierie qui permet à la Xbox Series X|S de faire tourner des titres issus de trois générations de consoles précédentes.

Il en profite aussi pour adresser un compliment bien senti à Nintendo, qui continue de concevoir ses consoles autour d’un esprit de convivialité immédiate :

« C’est dans leur ADN de répondre aux besoins de la famille et des amis. »

À travers ses remarques, Shuhei Yoshida dresse un tableau nuancé du futur des jeux vidéo. Il ne rejette pas l’abonnement en tant que tel, mais appelle à un équilibre subtil : préserver un espace où les petits créateurs peuvent innover sans devoir répondre aux diktats des plateformes de distribution.

En clair, il rappelle une vérité fondamentale du jeu vidéo : les plus grandes révolutions créatives sont souvent nées d’idées minoritaires, portées par des studios modestes.

Dans un écosystème dominé par les logiques d'abonnement, préserver cette diversité ne sera pas un luxe… mais une nécessité.


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