
Le célèbre studio polonais People Can Fly, connu pour Painkiller, Bulletstorm, Gears of War: Judgment et surtout Outriders, traverse actuellement l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. Deux projets non annoncés viennent d’être annulés, et une vague de licenciements est confirmée, avec plus de 30 développeurs déjà remerciés. Retour sur une situation qui illustre les tensions croissantes dans l’industrie du jeu vidéo.
People Can Fly a officiellement annoncé la suspension de deux jeux jusqu'ici tenus secrets :
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Project Gemini, un titre développé en collaboration avec Square Enix.
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Project Bifrost, un jeu en réalité virtuelle, en interne.
Le Project Gemini, selon les mots du PDG Sebastian Wojciechowski, a été mis à l’arrêt suite à un manque de communication de la part de l’éditeur. En clair, Square Enix n’aurait pas validé les prochaines étapes du projet ni proposé de nouveaux termes d’accord, laissant le studio dans une impasse. Cela aurait entraîné dès janvier le licenciement d’une trentaine de développeurs affectés à ce projet.
Quant à Project Bifrost, son arrêt est lié à une analyse interne des finances du studio. Celle-ci aurait révélé une incapacité à mobiliser les ressources nécessaires à sa poursuite. Résultat : deux projets avortés, des ambitions stoppées net, et une restructuration en urgence.
Le PDG s’est exprimé avec franchise et émotion sur la situation :
« Nous devons nous regrouper considérablement en tant que studio et réduire nos équipes, ce qui est le plus douloureux. [...] Nous tenons à exprimer nos plus profonds regrets et notre sincère gratitude pour la contribution de chacun. »
Une déclaration qui, bien que respectueuse, reflète une réalité dure : People Can Fly est en pleine crise structurelle, prise entre des partenaires frileux et des contraintes budgétaires de plus en plus oppressantes.
Fondé en 2002, People Can Fly a été un acteur marquant du FPS avec Painkiller, puis un partenaire stratégique de Epic Games entre 2012 et 2015. Mais malgré des réussites comme Outriders (édité par Square Enix), le studio peine à capitaliser durablement sur ses licences.
Le cas Project Dagger illustre bien ce flottement : ce jeu coopératif ambitieux a d’abord été abandonné par Take-Two en 2022, avant d’être définitivement annulé par le studio en avril dernier, malgré une tentative d’autoédition. C’est un autre exemple de projet à fort potentiel laissé inachevé.
Malgré ces revers, tout n’est pas perdu pour People Can Fly. Le studio travaille toujours sur plusieurs projets :
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Gears of War: E-Day, développé pour Xbox, très attendu par les fans de la licence.
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Un jeu non annoncé basé sur une IP PlayStation, encore tenu secret.
Ces deux titres pourraient constituer des piliers pour reconstruire l’image et la solidité du studio. Toutefois, dans un contexte où les annulations se multiplient, la pression sur ces projets est immense.
People Can Fly est aujourd’hui à la croisée des chemins. Les annulations successives, les tensions avec les éditeurs, les licenciements et la restructuration interne indiquent qu’une refonte stratégique en profondeur est en cours, voire inévitable.
Le studio devra prouver qu’il peut récupérer la confiance des partenaires, stabiliser sa production, et surtout livrer un hit marquant pour rebondir. Gears of War: E-Day pourrait bien être sa dernière grande cartouche.
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