The Last of Us saison 2 : entre pression, lucidité et ambition bridée — les aveux sans filtre des showrunners

Publié le 16 juin 2025 à 13:42

Un mois après la diffusion du dernier épisode de la saison 2 de The Last of Us sur HBO, Craig Mazin et Neil Druckmann, les deux cerveaux derrière cette adaptation saluée, sortent de leur silence. Invités d’un panel animé par Variety, ils se montrent à la fois lucides, drôles, parfois désabusés, et surtout honnêtes : la suite de l’aventure n’a pas été un long fleuve tranquille. Si la saison 1 a été perçue comme une prouesse inattendue, la deuxième saison, elle, a été écrite et produite sous le poids d’attentes écrasantes. Et cela change tout.

Craig Mazin ouvre la discussion par une image frappante : faire la première saison, c’était « dévaler une pente en feu ». En clair : une forme d’urgence créative, une liberté de l’expérimentation, portée par l’idée qu’on n’a rien à perdre. Résultat : un coup de maître.

Mais voilà, le succès est souvent une bénédiction à double tranchant. « Une fois que vous êtes considérés comme des références, tout devient plus compliqué. » Avec ce nouveau statut vient une exigence — celle de ne plus se rater. Et cette exigence, paradoxalement, bride la spontanéité.

Mazin et Druckmann sont conscients de ce paradoxe cruel. « On n’a plus le droit de refaire les mêmes erreurs, ce qui est tragique », confie Mazin. Alors que la saison 1 a pu profiter d’un regard indulgent, voire bienveillant « la barre était très basse pour les adaptations de jeux vidéo », rappelle-t-il avec ironie, la saison 2 n’a pas bénéficié de cette marge.

Le show, désormais installé comme une série majeure de prestige télévisuel, ne peut plus se permettre l’imperfection. Chaque choix est scruté, décortiqué, jugé.

Impossible de parler de cette saison 2 sans évoquer le choix narratif qui fâche : la mort de Joel. Fidèle à l’histoire du jeu The Last of Us Part II, cette scène a provoqué une onde de choc chez les fans, tout comme à la sortie du jeu. Druckmann admet que cette décision continue de provoquer des réactions virulentes. Mazin, lui, choisit l’humour noir : « Pourquoi avez-vous tué Pedro Pascal ? » est devenu son refrain quotidien. Sa réponse : « Mais on ne l’a pas tué ! Il est vivant, il joue dans tout le reste. Je ne vois pas le problème ! »

Derrière la blague, une fatigue palpable. Ils savaient que ce passage ferait polémique, mais ils ont tenu à le maintenir, par fidélité à l’œuvre originale. Un choix courageux… mais risqué.

En creux, ce panel révèle une vérité essentielle : la saison 2 de The Last of Us n’est pas un raté, mais elle n’est pas non plus la claque inattendue qu’était la première. Et ses créateurs en sont pleinement conscients. À force de vouloir trop bien faire, de suivre la perfection narrative du jeu, la série a parfois perdu en spontanéité, en émotion brute.

Elle s’est un peu figée, comme si la peur de décevoir avait pris le pas sur la créativité.

Mais tout n’est pas sombre. Loin d’être dans le déni, Mazin et Druckmann abordent ces critiques avec une franchise rare. Et cette lucidité pourrait bien être leur meilleure arme pour la suite. La saison 3, déjà en préparation, mettra l’accent sur Abby, incarnée par Kaitlyn Dever. Un nouveau chapitre, un nouveau personnage central, et peut-être une nouvelle occasion de retrouver cet équilibre fragile entre fidélité au matériau original et souffle neuf.

En somme, The Last of Us saison 2 n’a pas démérité. Mais elle a été la preuve que reproduire un chef-d’œuvre, c’est souvent plus difficile que de le créer.


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