Hideo Kojima salue Sandfall Interactive et défend les petites équipes dans l’industrie du jeu vidéo

Publié le 18 juin 2025 à 15:27

Alors que le développement des jeux vidéo atteint des sommets en termes de complexité et de budgets, Hideo Kojima, figure mythique du média, a pris le temps de partager une vision singulière : celle de la création à taille humaine. Lors d’une session de questions-réponses à laquelle participait Dexerto, le créateur de Metal Gear Solid et Death Stranding a salué la philosophie de Sandfall Interactive, un studio basé en France à l’origine du succès critique et commercial Clair Obscur: Expedition 33.

Kojima a révélé que Kojima Productions compte désormais plus de 200 développeurs, une expansion qu’il qualifie presque de « démesurée » par rapport à ses préférences personnelles. Pour lui, l’idéal reste une petite équipe soudée. Il a déclaré avec une pointe d’humour et d’admiration :

« Ils n’ont qu’une équipe de 33 personnes et un chien. C’est mon idéal quand je crée quelque chose en équipe. »

Un clin d’œil à l’approche minimaliste de Sandfall, qui, selon lui, incarne l’essence même de la création agile et passionnée, en opposition à la logique industrielle des superproductions AAA.

Kojima met en lumière un dilemme fondamental dans le jeu vidéo moderne : comment concilier l’efficacité, l’intimité créative d’une petite équipe, et la nécessité de proposer une expérience grandiose et immersive ? Il parle d’une « guerre entre l’efficacité que l’on peut atteindre avec une petite équipe et la nécessité de la rendre grandiose. »

Ce constat fait écho à un débat de plus en plus vif dans l’industrie : la surproduction des blockbusters vidéoludiques entraîne des délais énormes, des coûts colossaux et parfois une perte d'identité créative au profit de la rentabilité. Sandfall Interactive, avec Expedition 33, semble avoir trouvé une voie médiane.

Si le générique d’Expedition 33 fait mention d’une trentaine de membres chez Sandfall, le projet a aussi fait appel à de nombreux sous-traitants pour l’animation, la capture de performance, l’assurance qualité et d’autres aspects techniques. En réalité, plusieurs centaines de personnes ont contribué au jeu, bien que la direction créative soit restée concentrée autour d’un noyau dur de 30 à 40 personnes.

Ce chiffre ne minimise en rien l’exploit du studio. Car malgré les renforts externes, la qualité du jeu résulte clairement d’une vision maîtrisée et d’un pilotage agile, à l’opposé des structures trop hiérarchisées que l’on retrouve dans les productions de masse.

Sorti le 24 avril, Clair Obscur: Expedition 33 a reçu un accueil critique exceptionnel :

  • 93 sur Metacritic pour la version PS5

  • 91 sur Xbox Series X/S

  • 91 sur PC

En seulement 3 jours, le jeu atteint 1 million de copies vendues, un record pour une première production de cette envergure. Et le phénomène prend une ampleur encore plus grande lorsque le président français Emmanuel Macron lui-même salue publiquement la performance du studio :

« Un million d’exemplaires vendus et actuellement l’un des jeux les mieux notés de l’histoire, et oui, il est français. Félicitations à Sandfall Interactive. »

Un mois après sa sortie, le jeu dépasse les 3,3 millions d’unités écoulées en 33 jours, une croissance parfaitement symbolique pour un studio qui revendique 33 membres dans son cœur de développement.

Cette admiration de Kojima n’est pas anodine. Le créateur japonais, bien qu’à la tête d’un studio grandissant, cherche visiblement à renouer avec une approche plus artisanale de la création vidéoludique. Alors qu’il s’apprête à lancer Death Stranding 2: On The Beach le 26 juin, exclusivement sur PS5, Kojima semble en quête d’inspiration chez les studios capables de livrer des expériences percutantes avec des ressources limitées.

Le succès de Sandfall et l’approbation de Kojima sont peut-être les signes d’un retour en grâce des studios indépendants ambitieux, capables de rivaliser avec les AAA en termes de narration, de direction artistique et d’innovation, tout en échappant aux contraintes budgétaires écrasantes.

La taille ne fait pas tout. Ce que Kojima souligne avec élégance, c’est que la passion, la clarté de la vision artistique et l’efficacité d’une petite équipe bien structurée peuvent produire des chefs-d'œuvre. Et si la France, avec Sandfall, devenait un nouveau pôle créatif majeur dans l’industrie mondiale du jeu vidéo ?


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