Switch 2 : un démarrage canon pour Nintendo, un cauchemar pour les éditeurs tiers ?

Publié le 20 juin 2025 à 15:56

Le lancement de la Switch 2 a fait beaucoup de bruit, et pour de bonnes raisons : plus de 3,5 millions d’exemplaires écoulés dès la sortie, un engouement visible en magasin comme sur les réseaux sociaux. Pourtant, derrière ce succès se cache une réalité bien plus nuancée : Nintendo rafle presque tout, tandis que les éditeurs tiers peinent à exister.

Selon The Game Business, 62 % des ventes physiques de jeux Switch 2 aux États-Unis sont issues de jeux first party Nintendo. Et ce chiffre ne prend même pas en compte les copies de Mario Kart World incluses dans les bundles. Au Royaume-Uni, le constat est similaire avec 48 % de parts pour Nintendo.

Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : non seulement Nintendo propose ses propres éditions Switch 2 de titres iconiques comme The Legend of Zelda: Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, mais surtout, Mario Kart World est la seule véritable exclusivité de la console à sa sortie. Forcément, cela attire les joueurs.

Mario Kart World est omniprésent. Il est intégré dans 80 % des packs vendus lors du lancement de la Switch 2. Les joueurs qui ont opté pour la console seule se sont souvent rabattus sur ce titre ensuite, profitant de diverses promotions. En l'absence de grosses nouveautés proposées par les éditeurs tiers, c’est tout naturellement vers ce jeu que la majorité s’est tournée.

La rétrocompatibilité de la Switch 2, saluée par les joueurs, pourrait bien être un frein aux ventes des studios tiers. Avec une immense ludothèque déjà disponible (et souvent moins chère), de nombreux utilisateurs se contentent de leur catalogue existant sans ressentir l’urgence d’acheter un nouveau jeu.

La comparaison avec le lancement de la Switch 1 est frappante : à l’époque, seulement 5 jeux physiques étaient disponibles au lancement. Cette fois-ci, la Switch 2 propose 13 titres dès le départ, donnant une illusion de choix, mais une majorité de ces jeux sont en réalité… des portages.

Fait notable : plus de 80 % des ventes de jeux sur Switch 2 concernent des versions physiques. La cartouche, souvent critiquée ou annoncée comme obsolète, montre qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Un exemple marquant : Cyberpunk 2077: Ultimate Edition est l’un des seuls titres tiers à bien se vendre, dépassant même The Witcher 3 sur Switch 1 à son lancement. Pourquoi ? Parce que cette édition contient l’intégralité du jeu sur cartouche, sans téléchargement additionnel ni code. Un luxe devenu rare.

Jan Rosner, vice-président du développement commercial chez CD Projekt, ne s’y est pas trompé : offrir un produit complet et immédiatement jouable a clairement payé. Un message que d'autres éditeurs devraient entendre.

Malgré les millions de consoles vendues, plusieurs studios tiers déplorent des ventes bien en dessous de leurs attentes, voire de leurs pires prévisions. Le constat est amer : les jeux Nintendo absorbent quasiment toute l’attention des joueurs, et les autres titres, souvent des portages, peinent à s’imposer.

Ajoutez à cela une stratégie de communication floue (les médias n’ont pu tester la Switch 2 qu’au jour de son lancement), un public prudent qui attend les premiers retours avant d’acheter, et vous obtenez un cocktail difficile pour les développeurs tiers.

Faut-il enterrer trop vite les chances des éditeurs tiers ? Pas nécessairement. Le calendrier pourrait leur être favorable. Les joueurs vont progressivement faire le tour de Mario Kart World, et l'appétit pour de nouveaux jeux va croître. Reste à voir si les studios auront le bon contenu, au bon moment, pour capter l’attention.

Mais attention : Nintendo ne compte pas lever le pied. Un nouveau titre majeur arrive dès le 17 juillet avec Donkey Kong Bananza, de quoi maintenir l’intérêt autour des exclusivités maison et laisser peu d’espace à la concurrence.


La Switch 2 confirme le statut d’ogre de Nintendo sur ses propres plateformes. Si les chiffres de ventes sont excellents pour la firme de Kyoto, la situation est bien plus complexe pour les éditeurs tiers, encore une fois relégués à l’arrière-plan. Pour eux, le vrai lancement commence peut-être maintenant, à condition de proposer des expériences différenciantes… et des cartouches complètes.


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