
Il n’est pas inconnu du monde geek ni du petit écran. Producteur déjanté, provocateur assumé, et homme derrière les adaptations animées comme Castlevania ou Devil May Cry, Adi Shankar continue de brouiller les lignes entre culture pop, contre-culture et marketing. Sa dernière acquisition en date ? Rien de moins que les droits (hors jeu vidéo) du personnage culte Duke Nukem, figure emblématique du FPS décomplexé des années 90. Et comme à son habitude, Shankar ne prend pas de pincettes.
Duke Nukem, c’est une caricature sur pattes. Un héros de jeux vidéo aussi bourrin que misogyne, armé jusqu’aux dents, dopé à la testostérone et aux punchlines bien grasses. Véritable icône des années 90, il a brillé avec Duke Nukem 3D, avant de sombrer dans l’oubli (ou le ridicule) avec le désastreux Duke Nukem Forever.
Mais pour Adi Shankar, Duke Nukem représente plus qu’un personnage : un symbole anti-système. Un doigt d’honneur levé vers les règles du bon goût, vers la bienséance, et plus largement, vers l’aseptisation d’une certaine pop culture moderne.
Dans ses premières déclarations, Adi Shankar ne cache pas son intention de redonner à Duke son essence rebelle – et de faire exploser la vision corporate qui aurait dénaturé le personnage au fil du temps. Il ne mâche pas ses mots :
« C’est un doigt d’honneur pour tout le monde. […] Duke Nukem ne peut pas être pensé par une entreprise. Dès qu’une entreprise s’attaque à Duke Nukem, ce n’est plus Duke Nukem. »
Un message clair : ne comptez pas sur lui pour polir le personnage ou l’adapter aux standards actuels. Il veut un Duke cru, irrévérencieux, sans filtre. En gros : le Duke d’avant, mais revu avec une couche de provocation post-moderne.
Si la posture de Shankar amuse ou séduit les nostalgiques de Duke, une certaine contradiction ne manque pas de faire tiquer : Adi Shankar travaille avec Netflix, géant incontesté du streaming mondial. Et si quelqu’un incarne la culture "corporate", c’est bien cette plateforme.
Alors peut-on vraiment produire quelque chose de subversif au sein même d’une structure industrielle géante ? Peut-on faire du "punk" avec l'argent d’une multinationale ? Ce paradoxe, Shankar l’embrasse à moitié. Il ne dit pas encore où ni comment il exploitera la licence, mais promet déjà de ne se faire dicter aucune conduite.
Pour l’instant, aucune annonce concrète : pas de film, pas de série, pas de format défini. On sait seulement que Shankar possède les droits non liés aux jeux vidéo (donc télévision, cinéma, BD, etc.), et qu’il a une vision bien à lui de ce que doit devenir (ou redevenir) Duke Nukem.
Quelques pistes plausibles :
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Une série animée adulte dans la lignée de Castlevania, ultra-violente, irrévérencieuse et trash.
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Un film live décomplexé et bourré d’humour noir, façon The Boys ou Deadpool.
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Un projet métatextuel, qui jouerait avec les codes du héros américain dépassé, pour mieux en moquer l’évolution culturelle.
Le plus grand risque ? Tomber dans la caricature de la caricature. Duke Nukem était déjà un archétype outrancier. Le rendre encore plus grossier ou "subversif" pourrait simplement le vider de toute substance. À l’inverse, s’il parvient à utiliser le personnage comme prisme critique de la société actuelle, Shankar pourrait surprendre – voire renouveler la figure du héros post-moderne.
Il ne faut pas non plus oublier que derrière les déclarations tonitruantes d’Adi Shankar, il y a un monde de contraintes. Financières, techniques, juridiques. Et que le marché actuel n’est pas tendre avec les projets trop radicaux, surtout s’ils visent une diffusion internationale.
La question centrale reste donc : Adi Shankar peut-il vraiment faire de Duke Nukem un projet “fuck the system”, tout en jouant avec les règles du système ?
Duke Nukem revient, et ça fait parler. Grâce à Adi Shankar, le personnage va peut-être connaître une nouvelle jeunesse – ou une dernière provocation. L’homme aime les coups d’éclat, et cette acquisition en est un. Mais de là à en faire quelque chose de cohérent, de pertinent, et d’impactant dans la culture actuelle, le chemin est long.
Ce qui est sûr : ça ne sera pas tiède. Et pour Duke Nukem, c’est déjà une bonne nouvelle.
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