Sony face à une action collective aux Pays-Bas : les prix du PS Store dans le viseur de 20 000 consommateurs

Publié le 28 juin 2025 à 17:15

Une plainte d’envergure accuse Sony d’abus de position dominante sur le marché néerlandais du jeu vidéo numérique. En jeu : un préjudice estimé à 435 millions d’euros.

Depuis février dernier, une campagne baptisée « Fair PlayStation » secoue l’écosystème vidéoludique néerlandais. Ce mouvement citoyen vise directement Sony Interactive Entertainment, pointant du doigt une politique tarifaire jugée abusive sur le PlayStation Store, la boutique numérique exclusive à la PS5. À mesure que le soutien populaire s’est amplifié — avec plus de 20 000 participants — l’initiative s’est transformée en action collective en justice, orchestrée par l’organisation néerlandaise Stichting Massaschade & Consument.

Le cœur de la plainte est simple : la PS5 ne permet d’acheter des jeux numériques que sur le PS Store, sans aucune alternative possible. Sony se retrouve donc en position de monopole sur sa propre plateforme, et n’a aucune incitation à ajuster ses prix face à une quelconque concurrence. Pour les consommateurs, cela se traduit par des prix nettement plus élevés que dans le commerce physique.

Selon les données avancées par l'association, les jeux numériques sur PS5 coûteraient en moyenne 47 % de plus que leurs équivalents physiques. Une situation paradoxale, puisque les versions numériques coûtent moins cher à produire : pas de boîtier, pas de disque, pas de logistique. Pourtant, ce sont celles qui reviennent le plus cher à l’achat.

Forte de ces constats, l’association réclame réparation pour les consommateurs néerlandais, avec une évaluation du préjudice s’élevant à 435 millions d’euros. Une somme colossale, qui reflète à la fois l’ampleur de la base installée de PS5 aux Pays-Bas et la durée de cette politique tarifaire jugée abusive.

Lucia Melcherts, porte-parole et meneuse de l’action, résume ainsi la position de l’association :

« Sony est le seul fournisseur de contenu numérique sur la console de jeu la plus populaire au monde. Avec plus de 80 % des possesseurs de consoles néerlandais utilisant une PlayStation, Sony est libre de prendre ses décisions sans se soucier de ses concurrents, des développeurs ou des consommateurs. »

La situation évoque fortement un précédent célèbre : le conflit opposant Epic Games à Apple, déclenché par la volonté d’Epic de contourner les frais de commission de l’App Store. Apple, comme Sony, impose une exclusivité sur les contenus numériques vendus sur ses appareils, empêchant toute concurrence extérieure.

Dans les deux cas, la logique est la même : en verrouillant leur écosystème, les géants technologiques créent un environnement fermé, où les règles de concurrence classique ne s’appliquent plus, au détriment des consommateurs et parfois même des développeurs.

Bien que les pratiques commerciales de Nintendo et Xbox puissent être également questionnées, notamment sur la parité des prix entre jeux physiques et numériques, l’association néerlandaise a choisi de cibler le leader local du marché : Sony, dont la domination est particulièrement marquée aux Pays-Bas. À noter que Microsoft semble se diriger vers un modèle plus ouvert pour la prochaine génération, avec l’intégration possible de boutiques tierces dans son écosystème Xbox — un virage stratégique qui pourrait éviter à la firme des critiques similaires.

L’affaire a franchi une étape décisive cette semaine avec la convocation officielle de Sony devant les tribunaux néerlandais. Le dossier devrait être instruit au cours de l’été, même si aucune date précise d’audience n’a encore été annoncée. En parallèle, la campagne Fair PlayStation continue de mobiliser les joueurs, et le débat sur les prix du numérique ne fait que commencer.

À l’heure où le jeu vidéo bascule de plus en plus vers le tout-numérique, cette affaire pourrait bien faire jurisprudence… et forcer les géants du secteur à revoir leurs pratiques.


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.