
Le paysage d’Ubisoft connaît une nouvelle réorganisation de grande ampleur, marquée par le retour très remarqué de Charlie Guillemot, fils du PDG Yves Guillemot, au sein de l’entreprise familiale. Mais ce retour ne se fait pas au hasard ni sans stratégie : il intervient dans le cadre de la création d’une filiale stratégique, dédiée aux trois plus grandes licences d’Ubisoft — Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six.
Cette entité, encore sans nom public, aura pour objectif d’insuffler plus d’agilité et d’autonomie à ces marques emblématiques, avec un fonctionnement plus proche de studios indépendants comme Respawn (Apex Legends, Jedi: Survivor) ou Bungie (Destiny). En somme, Ubisoft cherche à injecter du sang neuf dans sa gestion de l’édition tout en gardant un contrôle ferme sur la direction créative et stratégique.
Ancien dirigeant d’Owlient, le studio derrière le jeu Howrse, Charlie Guillemot s’était éloigné d’Ubisoft pour co-fonder Unagi, une start-up orientée Web3. Ce détour entrepreneurial semble avoir étoffé son profil : innovation, tech émergente, culture produit… un cocktail que la direction d’Ubisoft considère comme essentiel pour piloter cette nouvelle structure ambitieuse.
Mais son retour ne fait pas l’unanimité. Interrogé par Variety sur les soupçons de népotisme, Charlie ne botte pas en touche :
« Oui, je suis le fils d’Yves. Ce n’est pas quelque chose que je cache. Mais ma nomination ne repose pas uniquement sur des liens familiaux. Elle est motivée par ce dont Ubisoft a besoin aujourd’hui. »
Une réponse lucide, mais qui ne suffira peut-être pas à calmer les critiques dans un contexte où Ubisoft a été récemment pointé du doigt pour des problèmes de gouvernance, de culture interne et de transparence managériale.
Aux côtés de Charlie Guillemot, Ubisoft nomme Christophe Derennes, un vétéran de la maison, présent depuis plus de 35 ans. Ancien directeur du prestigieux studio de Montréal, puis DG pour l’Amérique du Nord, Derennes est aussi… un cousin d’Yves Guillemot. Ce tandem familial est censé offrir un équilibre entre expérience, vision stratégique et capacité à exécuter, selon Ubisoft.
Leur mission est double :
-
Définir une vision claire pour les franchises majeures.
-
Créer des conditions de travail propices à l’excellence créative.
Un discours ambitieux, qui devra se traduire concrètement par des projets plus audacieux, une meilleure réactivité aux tendances du marché, et une gouvernance plus efficace.
En créant une filiale distincte pour ses licences phares, Ubisoft vise une gestion plus souple et ciblée de ses "blockbusters", à rebours de la centralisation rigide souvent reprochée au groupe. Cette évolution vise à reproduire des modèles ayant fait leurs preuves :
-
Respawn, chez Electronic Arts, qui gère ses licences avec une grande liberté de ton.
-
Bungie, maintenant chez Sony, mais toujours largement indépendant dans son développement et sa roadmap.
Ubisoft promet que cette filiale permettra d'accélérer l’innovation, de développer des écosystèmes multiplateformes (transmédia, live services, mobile, etc.), et de maximiser la rentabilité à long terme de ses licences les plus rentables.
Un point clé mérite d’être souligné : Tencent détient une participation minoritaire dans la filiale, mais Ubisoft conserve l’intégralité de la propriété intellectuelle et le contrôle opérationnel. Un équilibre délicat, mais qui montre à quel point ces franchises sont perçues comme des joyaux à préserver tout en attirant des capitaux extérieurs.
Ajouter un commentaire
Commentaires