
C’est via un sobre post LinkedIn que Renaud Charpentier, co-fondateur du studio français Tower Five, a annoncé la fin de l’aventure. Un post comme un couperet, qui vient brutalement interrompre huit années de passion, d’ambition, et de développement créatif.
Tower Five, ce n’était pas n’importe quel studio. Fondé avec la volonté de proposer des jeux ambitieux et singuliers, il était notamment connu pour Lornsword Winter Chronicle, et tout récemment Les Fourmis (Empire of the Ants), adaptation vidéoludique du roman culte de Bernard Werber. Ce dernier titre, véritable réussite française de l’année, avait su convaincre critiques et joueurs grâce à un rendu visuel spectaculaire — à tel point qu’il fut récompensé lors de la dernière cérémonie des Pégases par le prix de l’Excellence Visuelle.
Malheureusement, le succès de Les Fourmis n’a pas permis au studio de stabiliser sa situation financière. Tower Five travaillait pourtant déjà sur un nouveau projet ambitieux : Loaders, un shooter tactique multijoueur free-to-play en 10 contre 10, prenant place dans un univers de science-fiction, où les joueurs auraient pris le contrôle de tanks futuristes. Un jeu prometteur, encore en plein développement, mais qui ne verra jamais le jour.
La raison de cet arrêt soudain ? Un manque de financements. Une difficulté tristement récurrente dans l’industrie vidéoludique, même pour des studios qui montrent des signes clairs de réussite. Malgré des efforts, des idées, un public conquis et des mises à jour régulières (Les Fourmis venait tout juste de recevoir une update coop “Swarm Together” il y a deux semaines), Tower Five n’a pas réussi à passer ce cap crucial. Sans financement, il devenait impossible de maintenir une équipe d’environ 20 personnes et de poursuivre le développement de Loaders.
Ce genre de fermeture, au-delà des chiffres et des produits, touche profondément car elle représente avant tout la fin d’une aventure humaine. Huit ans de labeur, de passion, d’essais, d’erreurs, de créations et d’expérimentations. Huit ans réduits au silence, non par manque de talent ou de vision, mais par une réalité économique implacable.
Il est d’autant plus amer de constater que Les Fourmis semblait marquer un tournant pour le studio : un titre reconnu, plébiscité, soutenu par une communauté naissante et régulièrement enrichi. Un socle sur lequel Tower Five aurait pu bâtir son avenir. Mais l’industrie du jeu vidéo, surtout pour les studios indépendants, ne pardonne pas les faux pas — ou l’absence de soutien financier, aussi injuste cela puisse-t-il paraître.
Renaud Charpentier n’a pas donné plus de détails sur l’avenir des membres du studio. On ne peut qu’espérer que ces talents passionnés retrouvent vite une place dans d’autres structures, tant leur travail a prouvé leur valeur.
Le jeu vidéo français perd aujourd’hui une équipe audacieuse, capable d’embarquer les joueurs dans des univers forts et originaux. Tower Five s’éteint, mais laisse derrière lui un héritage marquant, et une preuve éclatante que créativité et rigueur peuvent faire rayonner un studio… même brièvement.
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