OD, le prochain Hideo Kojima : une œuvre pour le futur, à aimer ou à détester

Publié le 5 août 2025 à 15:55

Dans une interview récemment accordée à SSENSE, le créateur visionnaire Hideo Kojima s’est confié sur une variété de sujets, de la culture numérique à la créativité, avant d’aborder plus directement le nouveau projet en cours chez Kojima Productions : OD. Et comme toujours avec Kojima, ce ne sera pas un jeu "comme les autres".

Peu d’informations ont filtré sur OD depuis son annonce, mais ce nouvel échange avec Kojima en dit long sur la nature du projet. Il le décrit sans détour comme "quelque chose de totalement différent", un jeu qui divisera sans aucun doute le public :

« Les gens vont adorer ou détester. »

Ce type de polarisation n’est pas nouveau pour lui. Son précédent titre, Death Stranding, avait déjà provoqué ce type de réaction : certains joueurs avaient été fascinés par son ambiance contemplative et son message humaniste, tandis que d'autres l'avaient jugé lent, abscons, voire ennuyeux. OD semble s’inscrire dans cette même volonté de briser les conventions et de provoquer un débat culturel profond.

Avec OD, Hideo Kojima ne cherche pas l’approbation immédiate du public ou des critiques. Il le dit lui-même :

« Lorsque le jeu sortira, je lirai tous les tweets, je regarderai les vidéos YouTube, je parcourrai toutes les critiques... mais l’accueil n’aura plus d’importance pour moi. »

Cette déclaration en dit long sur la manière dont il perçoit le processus créatif. Pour Kojima, un jeu n'est pas seulement un produit de divertissement à consommer sur le moment. C’est une œuvre, avec un potentiel d’impact à long terme, comme un livre ou un film qui prend tout son sens des années après sa sortie.

« Les vraies évaluations viennent après, dans 10 ou 20 ans. »

Il assume ainsi une posture quasi philosophique de l’artiste incompris — ou du moins en avance sur son temps. À l’ère de la gratification instantanée, Kojima invite à la patience, à la réflexion, et à la relecture.

Ce discours sur la postérité révèle aussi une ambition plus large : laisser un héritage culturel, pas juste un "succès commercial". Kojima ne veut pas qu’on se souvienne de OD pour son nombre de ventes ou sa note Metacritic, mais pour l’impact qu’il aura sur les générations futures de créateurs et de joueurs.

C’est une vision proche de celle d’un cinéaste d’auteur, d’un écrivain ou même d’un philosophe. Il ne cherche pas à satisfaire tout le monde. Il veut provoquer, interroger, parfois même déranger. Loin de la logique de « fan service », OD s’annonce comme un jeu exigeant, peut-être inconfortable, mais nécessaire pour faire avancer les frontières du médium.

Depuis sa séparation avec Konami et la fondation de Kojima Productions, le créateur japonais s’est entouré d’une équipe dédiée à l’expérimentation narrative et technologique. Il collabore régulièrement avec des figures du cinéma, de la musique ou de la littérature. On se souvient de Norman Reedus et Mads Mikkelsen dans Death Stranding, ou encore de son partenariat récent avec Microsoft pour le développement de OD, qui repose sur le cloud gaming.

Tout cela montre que OD est plus qu’un jeu. C’est un projet transmédia et interdisciplinaire, à la croisée des arts.

Il serait tentant de qualifier OD de simple "expérience" ou de "jeu étrange à la Kojima". Mais ce serait passer à côté de l’intention profonde : créer une œuvre durable, hors des modes et des tendances, qui ne se juge pas à la sortie, mais à l’épreuve du temps.

Dans un monde vidéoludique souvent obsédé par les suites rapides, les lootboxes et les mécaniques de rétention, Kojima propose l’inverse : un geste artistique risqué, personnel, intemporel.


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