Sony FY2025 T1 : Jeux vendus en masse, Bungie sous contrôle, et la mue délicate du live-service

Publié le 7 août 2025 à 13:27

Le groupe Sony vient de publier ses résultats pour le premier trimestre de son exercice fiscal 2025 (avril à juin 2025), offrant un panorama aussi solide qu'instructif sur l’état actuel de sa branche gaming. Malgré des chiffres impressionnants en apparence, on perçoit en filigrane une période de transition stratégique complexe, marquée par l’essor du numérique, la réorientation du modèle économique, et l'intégration progressive de Bungie dans l’écosystème PlayStation Studios.

Sony a annoncé 65,9 millions de jeux PS4/PS5 vendus ce trimestre, toutes éditions confondues (y compris les bundles). Un chiffre en nette progression par rapport à l’an dernier (53,6 millions), mais en recul face aux 76,1 millions du trimestre précédent (janvier-mars 2025).

Parmi ces ventes, 6,9 millions proviennent des jeux first-party, une amélioration par rapport à la même période en 2024. Mais c’est surtout la montée écrasante du format numérique qui marque les esprits : 83 % des ventes de jeux se sont faites en digital. Un indice fort que la prochaine PlayStation 6 pourrait bien tirer un trait définitif sur le lecteur disque au profit d’une console 100 % dématérialisée.

Le PlayStation Network reste extrêmement actif, avec 123 millions d’utilisateurs mensuels sur la période, à peine en recul par rapport aux 124 millions du début d’année. Plus intéressant encore, le temps de jeu cumulé a augmenté de 6 %, signe que les joueurs passent plus de temps sur leurs consoles, même si leur nombre stagne.

Le cas Bungie a été au cœur des discussions lors de la séance de questions-réponses suivant la publication des résultats. Sony, qui avait initialement laissé au studio une grande indépendance après son rachat, a désormais repris en main la gouvernance, selon la directrice financière Lin Tao. L’objectif ? Intégrer Bungie de manière organique dans PlayStation Studios.

Cette stratégie vise à renforcer le contrôle créatif et économique sur des titres importants comme Destiny 2, et à mieux encadrer les futures sorties comme Marathon, dont le développement a connu des retards notables.

Concernant Marathon précisément, Tao a confirmé que la sortie est toujours prévue pour l'exercice en cours (jusqu'à mars 2026), même si elle précise qu’aucune annonce officielle n’a encore été faite. Elle a laissé entendre qu’une date potentielle pourrait être révélée à l’automne, soit par Bungie, soit par PlayStation directement.

Tao a toutefois balayé les rumeurs d’annulation : « Nous sommes en train de résoudre les problèmes, donc nous pensons que ce lancement aura lieu. Si jamais il était annulé, cela nécessiterait une révision de notre valorisation, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. »

Sony continue de pousser son ambition dans les jeux en tant que service (GaaS), malgré plusieurs revers. Le report de Marathon et l’échec du jeu Concord ont jeté un froid sur cette stratégie, mais Tao rappelle que l’évolution sur cinq ans est significative.

Des titres comme Helldivers 2, MLB The Show, Gran Turismo 7, ou encore Destiny 2 montrent que la part des revenus générés par le live-service est en croissance. Elle représente aujourd’hui 40 % des revenus software first-party sur le trimestre (et entre 20 et 30 % sur l’année complète).

« Il y a cinq ans, les jeux live-service étaient quasi absents chez PlayStation Studios. Aujourd’hui, ils génèrent une part stable des ventes et bénéfices. »

Cependant, Sony reconnaît des difficultés structurelles dans ce changement de paradigme : il faudra apprendre des erreurs passées, éviter les projets mal calibrés, et viser un modèle plus fluide, plus durable pour réussir pleinement cette mutation.

 

En résumé : Ce premier trimestre FY2025 confirme que Sony reste une puissance commerciale incontestable dans l’industrie du jeu vidéo. Pourtant, l’entreprise entre dans une phase de transformation, tant sur le plan technologique (le tout numérique), que structurel (gouvernance des studios comme Bungie), ou économique (montée du modèle live-service).

L’année fiscale en cours sera donc déterminante pour PlayStation. La réussite du virage stratégique dépendra de la capacité du groupe à stabiliser ses projets, mieux gérer ses studios partenaires, et tirer profit de ses investissements dans les services en ligne.

Une chose est sûre : la PS6 pourrait arriver dans un paysage radicalement différent de celui dans lequel la PS5 est née.


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