
Lors de son intervention à la New Global Sport Conference, Hideo Kojima a surpris une partie du public en avouant que, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer pour un créateur de jeux vidéo de son envergure, il ne passe que très peu de temps… à jouer.
Son approche est à contre-courant : là où de nombreux développeurs s’inspirent directement d’autres productions vidéoludiques, lui préfère se nourrir d’arts et d’expériences en dehors de l’écran.
Kojima explique qu’il consacre son temps libre à la lecture, au cinéma, aux musées ou encore aux rencontres humaines. Plutôt que de s’enfermer dans une boucle d’influences réciproques entre jeux, il choisit d’absorber des univers différents pour ensuite les transformer en expériences inédites.
Selon lui, de nombreux créateurs de l’industrie se contentent de regarder ce qui se fait déjà dans le jeu vidéo, au risque de tourner en rond.
Kojima insiste : « Je ne copie rien d’un jeu. » Son objectif est de capter l’essence d’autres formes artistiques, de les assimiler, puis de les retranscrire dans ses propres créations.
Il encourage particulièrement les nouvelles générations, grandes consommatrices de jeux, à ouvrir leurs horizons : voir des expositions, lire davantage, s’immerger dans des films ou tout autre médium créatif. Selon lui, c’est cette diversité d’expériences qui peut faire émerger des œuvres vraiment originales.
Autre révélation surprenante : le légendaire game designer admet ne jouer qu’une seule fois par an, principalement pour vérifier certaines mécaniques ou par curiosité professionnelle. Les parties sont trop longues à ses yeux, et il préfère consacrer son énergie à explorer le monde réel.
Pour Kojima, ce qui se passe en dehors du jeu vidéo est plus crucial pour nourrir son processus créatif que ce qui se joue manette en main.
La démarche de Kojima illustre une conviction profonde : le jeu vidéo, en tant que médium, ne doit pas se limiter à reproduire des recettes internes à son industrie. Il doit s’inspirer de la littérature, du cinéma, de la peinture, des voyages et des rencontres pour atteindre un niveau artistique supérieur.
C’est sans doute cette ouverture sur le monde qui explique pourquoi ses jeux — de Metal Gear Solid à Death Stranding — sont si singuliers et marqués par une dimension cinématographique et philosophique unique.
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