Sony vs Tencent : quand Horizon devient le champ de bataille d’un conflit sur la créativité et le monopole du jeu vidéo

Publié le 19 septembre 2025 à 13:41

Un bras de fer judiciaire oppose actuellement Sony et Tencent autour du jeu Light of Motiram, développé par Polaris Quest (filiale de Tencent). Sony accuse Tencent d’avoir copié Horizon Zero Dawn et d’avoir violé ses droits d’auteur, tandis que Tencent rejette en bloc ces accusations, allant même jusqu’à qualifier la démarche de Sony de tentative de monopole sur un genre vidéoludique entier.

 

La plainte initiale de Sony repose sur plusieurs éléments. Selon l’éditeur japonais, Light of Motiram reprend des caractéristiques visuelles et narratives clés d’Horizon Zero Dawn : une héroïne rousse comme protagoniste principale, des groupes tribaux tentant de survivre dans un monde post-apocalyptique et surtout, la présence de gigantesques animaux robotiques. Pour Sony, cette similitude dépasse le simple clin d’œil et constitue une violation volontaire de sa propriété intellectuelle et de la marque déposée d’Aloy, son héroïne emblématique.

Tencent, de son côté, a réagi vigoureusement. La société juge les accusations « surprenantes » et estime que Sony cherche à s’approprier des codes qui sont en réalité largement répandus dans le jeu vidéo. Dans sa réponse, Tencent cite de nombreux exemples de titres qui ont exploré des thématiques ou des mécaniques proches bien avant ou après Horizon Zero Dawn, parmi lesquels Enslaved: Odyssey to the West, The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Far Cry Primal, Far Cry New Dawn, Outer Wilds ou encore Biomutant. Pour le géant chinois, Sony ne défend pas une innovation unique, mais tente au contraire de verrouiller des « ingrédients omniprésents du genre ».

 

Allant plus loin, Tencent accuse Sony de mauvaise foi, rappelant que même en interne, la singularité de Horizon Zero Dawn avait été discutée. L’entreprise cite un documentaire où Jan-Bart van Beek, directeur artistique du jeu, évoquait les inquiétudes des équipes à l’époque du développement : le projet paraissait trop proche de Enslaved, sorti en 2013 chez Bandai Namco. Tencent affirme que Sony avait d’ailleurs mis le projet en pause avant de le relancer, en pleine conscience que son concept n’était pas totalement original.

Pour Tencent, la plainte de Sony n’a rien à voir avec une réelle défense de la propriété intellectuelle, mais constitue une stratégie visant à fermer un « coin bien connu de la culture populaire » et à le transformer en domaine exclusif. Autrement dit, Sony chercherait à imposer son monopole sur un mélange de codes (post-apocalypse, tribus, créatures mécaniques) qui n’appartiendrait à personne en particulier.

 

En parallèle, les premiers détails de Light of Motiram sont connus. Il s’agira d’un monde ouvert se déroulant dans un univers où l’humanité a disparu, peuplé de « mécanimaux », c’est-à-dire des créatures mécaniques. Parmi elles, on retrouve un gorille, un cerf ou encore un taureau de métal, autant de figures centrales pour le gameplay et l’exploration.

L’affaire met en lumière une question essentielle : jusqu’où va l’originalité dans le jeu vidéo ? Peut-on considérer que l’association de certains archétypes visuels et mécaniques constitue une identité unique et protégée, ou bien ces éléments relèvent-ils d’un langage commun au genre ? Si le tribunal suit Sony, cela pourrait ouvrir la voie à un durcissement inédit dans la protection des licences, mais si Tencent obtient gain de cause, cela rappellera que l’innovation vidéoludique repose souvent sur des inspirations croisées.

 

En conclusion : Ce procès entre Sony et Tencent dépasse largement le cas particulier de Horizon et Light of Motiram. Il soulève un débat fondamental sur les limites de la créativité, la frontière entre inspiration et plagiat, et la tentation pour les géants de l’industrie de transformer des codes partagés en propriété exclusive. Le verdict pourrait avoir des répercussions durables sur la manière dont les studios abordent le développement de nouvelles licences dans les années à venir.


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.