
Depuis plusieurs années, Microsoft mise gros sur le Game Pass, son service d’abonnement qui permet aux joueurs d’accéder à un catalogue massif de jeux pour un prix mensuel fixe. Une stratégie ambitieuse censée bouleverser le marché du jeu vidéo, mais qui semble montrer ses limites. Selon Bloomberg, Xbox aurait perdu plus de 300 millions de dollars de ventes de Call of Duty en 2024, une conséquence directe de son modèle d’abonnement et de ses choix stratégiques.
Un ancien employé de Microsoft révèle que le choix d’intégrer Call of Duty dans le Game Pass a entraîné un manque à gagner massif : plus de 300 millions de dollars de ventes perdues sur consoles et PC. Alors que Call of Duty reste une machine à cash dans l’industrie – notamment grâce à la PlayStation, qui représente 82 % des ventes – Xbox a sacrifié une part colossale de revenus directs en préférant l’intégrer gratuitement pour ses abonnés.
Le Game Pass a été conçu comme le Netflix du jeu vidéo : accès illimité à un catalogue de titres, à un prix relativement bas, et même la promesse d’inclure les nouveautés le jour de leur sortie. Si ce modèle séduit les joueurs, il fragilise cependant les finances internes : développer un jeu majeur coûte désormais des centaines de millions de dollars et plusieurs années de travail. Dans l’ancien système, un titre se vendait 60 à 70 dollars pièce, auquel s’ajoutaient mises à jour payantes et microtransactions. Désormais, avec l’abonnement, une partie de ces revenus s’évapore.
Microsoft n’a pas lésiné sur les moyens pour alimenter son Game Pass : acquisitions massives de studios, dont le rachat record d’Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars. L’objectif affiché : disposer d’un catalogue exclusif suffisamment riche pour attirer et retenir les abonnés. Pourtant, selon Joost Van Dreunen, analyste du secteur, la croissance espérée n’a pas été au rendez-vous. Pire encore : les coûts d’infrastructure ne correspondent pas au modèle tarifaire, ce qui met en doute la rentabilité du service.
Malgré ses efforts, Xbox reste derrière ses deux concurrents majeurs : la PlayStation et la Nintendo Switch, toutes deux portées par des exclusivités à succès et une stratégie de vente plus classique. Là où Sony continue de vendre ses grands titres à plein tarif et réserve ses abonnements à des jeux plus anciens, Microsoft a choisi d’offrir immédiatement ses blockbusters à ses abonnés, au détriment des ventes en magasin.
Selon IGN, les revenus d’abonnement du secteur ont progressé de 16 % en partie grâce à Call of Duty sur Game Pass. Mais de nombreux joueurs ne paient qu’un ou deux mois d’abonnement pour tester le jeu avant de résilier, là où ils auraient autrefois payé le prix plein..
Pour les joueurs, le Game Pass reste une aubaine : un accès illimité à un catalogue riche, avec des nouveautés disponibles immédiatement. Mais pour Xbox, l’équation est plus complexe : comment rentabiliser un service qui cannibalise ses propres ventes tout en coûtant toujours plus cher à alimenter ?
La question est d’autant plus cruciale que le marché devient plus compétitif. Tandis que PlayStation et Nintendo capitalisent sur leurs exclusivités et leurs communautés fidèles, Xbox semble avoir misé sur une formule séduisante à court terme mais difficilement soutenable à long terme.
Shannon Loftis, ancienne vice-présidente de Xbox Game Studios, souligne que si le Game Pass a permis à certains petits jeux de survivre, il sape largement les revenus de détail traditionnels.
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