
C’est une nouvelle qui attriste profondément la communauté du jeu vidéo japonais et internationale : Tomonobu Itagaki, créateur légendaire et figure iconoclaste du gaming, nous a quittés à l’âge de 58 ans. L’annonce a été faite ce matin sur Facebook, via un message posthume bouleversant, partagé par un proche du développeur.
Le message, rédigé en japonais puis traduit, laisse transparaître une grande lucidité face à la mort, mais aussi une fierté sincère envers son parcours :
« La lumière de ma vie est sur le point de s'éteindre.
Le fait que cette phrase ait été publiée signifie qu'il est enfin temps. Je ne suis plus dans ce monde (Ce dernier post est pour quelqu'un de spécial pour moi.)
Ma vie a été une série de batailles. Nous sommes restés à gagner.. J'ai causé beaucoup de problèmes.
Je maintiens mes croyances et je le dois. Aucun regret.
Je suis juste tellement désolé pour tous mes fans de ne pas pouvoir livrer mon nouveau travail désolé
C'est comme ça. Alors c'est parti.
Banobu Itagaki »
Ces mots simples et puissants résument parfaitement le personnage : un homme de passion, de conflits, d’excès parfois, mais surtout d’une fidélité inébranlable à sa vision du jeu vidéo.
Né en 1967, Tomonobu Itagaki s’est imposé dans les années 1990 et 2000 comme une figure majeure du jeu japonais. Entré chez Tecmo (devenu Koei Tecmo), il se fait rapidement remarquer par son franc-parler, son style flamboyant — lunettes de soleil noires vissées sur le nez — et son goût pour l’action spectaculaire.
Sous sa direction, Dead or Alive devient l’une des séries de jeux de combat les plus célèbres au monde. Son gameplay nerveux et son audace esthétique marquent une génération de joueurs. Mais c’est surtout avec Ninja Gaiden sur Xbox, en 2004, qu’Itagaki atteint un statut culte : un jeu exigeant, brutal et sublime, qui redéfinit les standards du beat’em up 3D.
Itagaki n’était pas seulement un créateur talentueux : il était aussi un personnage larger than life, souvent au centre de controverses. Il ne mâchait pas ses mots, critiquant ouvertement certaines pratiques de l’industrie ou les choix de ses concurrents.
Sa réputation de franc-tireur lui a valu autant d’admirateurs que de détracteurs, mais une chose est sûre : il ne laissait personne indifférent.
En 2008, après un différend juridique avec Tecmo, il quitte le studio et fonde Valhalla Game Studios, où il développe Devil’s Third. Malgré un accueil mitigé, le jeu illustre encore une fois son goût pour les mécaniques complexes, le risque et la provocation.
Le message laissé par Itagaki témoigne d’une grande humilité : il reconnaît avoir causé des problèmes, mais affirme n’avoir aucun regret. Son seul remords ? Ne pas avoir pu offrir une nouvelle œuvre à ses fans.
Ces mots, à la fois simples et poignants, sonnent comme un adieu d’artiste. Un créateur qui a vécu selon ses propres règles, sans jamais transiger sur sa liberté.
Repose en paix, Itagaki-san.
Le guerrier a posé sa manette, mais son héritage, lui, continue de jouer.
Ajouter un commentaire
Commentaires