Sony contre Tencent : la guerre du clone d’Horizon s’intensifie – entre injonction, accusations et bataille juridique mondiale

Publié le 20 octobre 2025 à 15:44

La tension monte entre deux géants du jeu vidéo mondial.
Sony Interactive Entertainment (SIE) et Tencent, le mastodonte chinois de l’industrie vidéoludique, sont désormais engagés dans une bataille judiciaire d’envergure internationale autour de ce que Sony considère comme une “copie flagrante” de sa franchise phare Horizon.

Le jeu incriminé, intitulé “Light of Motiram”, est développé par Aurora Studios, une filiale de Tencent. Selon Sony, il s’agirait d’un clone quasi parfait d’Horizon Zero Dawn, jusqu’à reprendre la conception d’Aloy, héroïne iconique du jeu, ainsi que de nombreux éléments visuels, sonores et narratifs.
Et cette fois, les mots employés par Sony sont sans ambiguïté : « C’est une contrefaçon flagrante. Le mal est fait, et il continue. »

 

Dans un nouveau dépôt judiciaire de 35 pages révélé par TheGamePost, Sony a attaqué de front la défense de Tencent, qualifiant ses arguments de “totalement absurdes”.
Le document vise à démonter point par point la position du groupe chinois, qui avait tenté de minimiser les accusations.

Selon Tencent, les poursuites de SIE seraient “infondées”, arguant que le jeu Light of Motiram n’est pas encore sorti et que sa date de sortie a été repoussée à 2027.
Mais pour Sony, ce report ne change rien à la gravité de l’infraction :

« C’est absurde. Le mal est fait, et il continue. »

Sony souligne que le jeu a déjà été annoncé, promu et montré au public, provoquant une vague d’indignation et de confusion au sein de la communauté des joueurs, qui a immédiatement remarqué les ressemblances frappantes avec Horizon.

 

Dans son dossier, Sony ne se contente pas de généralités. L’entreprise cite des témoignages de fans, de journalistes et d’analystes, qui ont tous dénoncé le caractère “copié-collé” de Light of Motiram.
Parmi les qualificatifs relevés :

  • “Une arnaque majeure d’Horizon”

  • “Une contrefaçon évidente”

  • “Un imitateur sans imagination”

Mais c’est surtout la ressemblance entre le personnage principal du jeu et Aloy qui a mis le feu aux poudres.
Sony consacre une large partie de son dépôt à détailler les similitudes visuelles et stylistiques :

« Le sosie de Tencent ressemble à Aloy à un tee-shirt – cheveux roux et tout. Il est habillé comme Aloy, avec un assortiment similaire de fioritures, un arc, et même des cordes bleues et orange qui décorent son corps. La conception du personnage et le costume… ressemblent très clairement à Aloy. »

En somme, Sony accuse Tencent d’avoir copié jusqu’à l’identité visuelle et symbolique d’un personnage protégé, portant atteinte à la marque de caractère “ALOY”, enregistrée par la firme japonaise.

 

L’autre volet de la plainte de Sony vise la stratégie juridique de Tencent, que l’entreprise décrit comme “un jeu de dupes corporatif”.
Selon Sony, Tencent chercherait à détourner la responsabilité légale de ses actions en jouant sur la multiplicité de ses marques et entités :

« Tencent Holdings tente d’échapper à sa responsabilité en usant de subterfuges avec ses filiales et ses marques. Elle se présente comme la société mère d’Aurora Studios, déclare les revenus liés aux jeux dans son rapport annuel, et utilise le nom Tencent pour promouvoir ses produits sans distinction entre ses divisions. »

En d’autres termes, Sony affirme que Tencent ne peut pas se cacher derrière ses filiales pour échapper à la justice, puisque l’entreprise assume publiquement la paternité de Light of Motiram dans ses communications.

 

En parallèle de cette offensive juridique, Sony a déposé une requête pour obtenir une injonction préliminaire, selon Games Fray.
L’objectif est clair : empêcher Tencent de poursuivre toute exploitation du jeu avant le procès.

Cette injonction vise à interdire à Tencent :

  • de “reproduire, créer des œuvres dérivées, afficher, exécuter ou distribuer toute œuvre copiée ou dérivée des œuvres Horizon de SIE, y compris Light of Motiram” ;

  • et d’utiliser “la marque de personnage ALOY ou toute marque similaire susceptible de prêter à confusion”.

Sony demande donc la suspension totale du développement et de la promotion du jeu, en attendant la décision finale du tribunal.

 

Pour appuyer sa demande, Sony a rappelé que le personnage d’Aloy est protégé juridiquement en tant que “marque de caractère”.
Dans son dépôt, la société décrit Aloy avec précision :

« C’est une jeune et féroce guerrière tribale, chasseresse, caractérisée par une chevelure rousse flamboyante, des pommettes saillantes et des tenues mêlant éléments tribaux et métalliques industriels. »

Cette description légale vise à établir un cadre clair de protection de la propriété intellectuelle, afin de démontrer que Tencent enfreint directement cette identité artistique et commerciale.

 

Sony a également joint plusieurs déclarations sous serment de figures clés de son écosystème pour appuyer sa demande :

  • Jan-Bart van Beek, directeur artistique de Guerrilla Games, studio créateur de Horizon.

  • Lucas van Tol, directeur musical du même studio.

  • Asad Qizilbash, directeur de PlayStation Productions.

  • Matthew Kuykendall, directeur de la propriété intellectuelle de Sony.

Ces témoignages visent à prouver l’étendue du travail créatif, artistique et technique derrière Horizon, et à montrer que Light of Motiram en reprend des éléments distinctifs protégés, de la direction artistique à la musique en passant par le ton narratif.

 

L’affaire Sony vs Tencent dépasse de loin la simple question d’un jeu vidéo copié.
Elle soulève des questions fondamentales sur la propriété intellectuelle, le respect des œuvres originales et la responsabilité des conglomérats internationaux dans le secteur du jeu vidéo.

Si Sony obtient gain de cause, cela pourrait établir un précédent historique, limitant la liberté des studios à “s’inspirer” de licences existantes.
Mais si Tencent parvient à se défendre, cela fragiliserait la portée juridique des marques de caractère et redéfinirait les limites de la création inspirée.

Sony a demandé à la juge Jacqueline Scott Corley — déjà connue pour avoir supervisé le procès de la FTC contre Microsoft-Activision Blizzard — de tenir une audience avant le 20 novembre 2025.
Le verdict pourrait tomber d’ici décembre 2025, selon le calendrier proposé.


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