Call of Duty sous l’ère Microsoft : Glenn Schofield exprime ses doutes sur l’avenir de la franchise culte

Publié le 22 octobre 2025 à 13:01

Dans une récente interview accordée à Video Games Chronicle (VGC), Glenn Schofield, créateur de Dead Space et ancien cadre d’Activision, s’est exprimé sans détour sur l’avenir de Call of Duty depuis son rachat par Microsoft. Pour ce vétéran du jeu vidéo, la transition vers le géant américain du cloud et des logiciels pourrait marquer un tournant délicat pour la série de FPS la plus lucrative de l’histoire.

 

Schofield s’est dit profondément sceptique quant à la capacité de Microsoft à préserver la magie et la dynamique qui ont fait le succès de Call of Duty.

« Je m’en inquiète énormément, vraiment », confie-t-il à VGC. « Parce que ce qui arrive à Gears of War, où est Halo… vous voyez ce que je veux dire ? »

Ces propos font écho à une inquiétude partagée par de nombreux fans : les franchises iconiques passées entre les mains de Microsoft ont souvent connu des périodes de stagnation ou de perte d’influence. Halo, jadis pilier du FPS sur console, peine aujourd’hui à retrouver son aura d’antan malgré des efforts de relance.

 

Pour Schofield, le danger ne réside pas seulement dans la stratégie ou les budgets, mais dans la culture interne des grands groupes.
Selon lui, les studios indépendants ou semi-autonomes – comme Infinity Ward, Treyarch ou Sledgehammer Games – fonctionnent sur une dynamique de passion, de récompense et de compétition interne qui nourrit la créativité. Une fois absorbés dans une structure plus massive et hiérarchisée, cette énergie pourrait se diluer.

« Une fois intégré par l'une de ces entreprises, on adopte certaines de leurs caractéristiques », affirme-t-il.
« Je ne sais pas, mais j’imagine que le système de bonus de Call of Duty est sorti, et maintenant que vous avez le leur, les gens vont se dire : “Ce n’est pas ça.” »

Autrement dit, le changement de système de motivation – qu’il s’agisse de primes, de reconnaissance ou de liberté créative – pourrait éteindre le feu sacré qui pousse les équipes à repousser les limites du jeu chaque année.

 

Le créateur rappelle que Microsoft n’en est pas à son premier essai.
Les franchises Halo et Gears of War, autrefois au sommet de la culture vidéoludique, ont connu une érosion progressive de leur notoriété depuis leur intégration dans l’écosystème Xbox.
Malgré des moyens considérables, les résultats récents n’ont pas toujours convaincu les fans ni la critique.

Schofield établit un parallèle direct : si Call of Duty suit le même chemin, il risque de perdre sa fraîcheur, son rythme annuel frénétique et son lien avec la communauté.
Cette perte de momentum serait d’autant plus critique que Call of Duty repose sur une formule fragile : un équilibre entre tradition et innovation.

 

Schofield ne remet pas en question la puissance financière de Microsoft, mais souligne que les grandes structures peuvent freiner la réactivité et la prise de risque.
Les décisions doivent passer par plusieurs niveaux hiérarchiques, et la créativité s’y trouve souvent rationalisée, encadrée ou aseptisée.
À l’inverse, des éditeurs comme EA ou Ubisoft ont eux aussi montré que les grandes entreprises peuvent peiner à maintenir la vitalité de leurs licences à long terme.

« Quand on regarde EA, ces grandes entreprises, on se demande où sont les jeux Strike ? Où est ce jeu ? Et il y en a tellement qui tombent à l’eau », déplore Schofield.

 

Les propos de Glenn Schofield résonnent comme un avertissement à peine voilé à l’adresse de Microsoft.
Si le géant de Redmond souhaite prouver que son rachat d’Activision Blizzard est bénéfique pour les joueurs comme pour les créateurs, il devra démontrer qu’il sait préserver l’âme de ses studios tout en leur offrant la stabilité et les ressources nécessaires.

Pour Call of Duty, le défi est immense : conserver la cadence annuelle, la qualité visuelle, la richesse du multijoueur, tout en innovant pour éviter la lassitude.
Mais plus encore, Microsoft devra éviter de transformer une franchise vivante et compétitive en un produit standardisé, piloté par tableur.


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