Helldivers 2 et la controverse GameGuard : Arrowhead face à la colère des joueurs

Publié le 22 octobre 2025 à 15:00

Le studio Arrowhead Game Studios, à l’origine du succès planétaire Helldivers 2, se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une polémique.
Cette fois, la tempête concerne GameGuard, le logiciel anti-triche intégré au jeu depuis son lancement — un outil que de nombreux joueurs accusent de provoquer des ralentissements, des plantages et des problèmes de performances.

C’est à l’occasion d’échanges sur le Discord officiel du jeu que Shams Jorjani, PDG d’Arrowhead, a dû s’expliquer.
Et ses réponses, bien que fermes, n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes d’une communauté de plus en plus méfiante vis-à-vis des logiciels de sécurité « au niveau du noyau ».

 

Depuis plusieurs semaines, des utilisateurs rapportent sur les forums, Reddit et Discord que Helldivers 2 aurait connu une dégradation des performances, particulièrement depuis certaines mises à jour.
Les symptômes évoqués :

  • Des baisses brutales de FPS ;

  • Des temps de chargement plus longs ;

  • Des micro-freezes en pleine action ;

  • Et même des crashs système sur certaines configurations.

Très vite, les soupçons se sont tournés vers nProtect GameGuard, un logiciel anti-triche développé par la société sud-coréenne INCA Internet, et connu pour s’installer profondément dans le système, au niveau du noyau (kernel).

Ce type de protection, souvent utilisé dans les jeux multijoueurs compétitifs (MMO, FPS, etc.), est controversé : s’il offre un haut niveau de sécurité, il est aussi réputé pour interférer avec d’autres processus système et dégrader les performances globales des PC.

 

Sur le Discord officiel du jeu, Shams Jorjani a été une nouvelle fois interpellé à ce sujet.
Lassé de répéter sa position, il a d’abord répondu avec un brin d’exaspération :

« J'ai répondu à cette question un milliard de fois. Nous ne voyons aucune preuve d'impact sur les performances. Nous allons enquêter davantage. »

Une réponse directe, mais qui n’a pas convaincu tout le monde.
De nombreux joueurs estiment que le studio minimise le problème, et réclament soit un retrait pur et simple de GameGuard, soit l’adoption d’une alternative plus légère.

 

Face à la persistance des critiques, Jorjani a fini par admettre qu’il prenait les retours de la communauté très au sérieux.
Selon ses propos relayés par Gamerant, il a déclaré :

« J’ai entendu les commentaires des joueurs et nous étudions la question. Pour l’instant, nous nous concentrons sur le prochain patch, puis nous nous attaquerons à cette autre hydre. »

Autrement dit, Arrowhead ne ferme pas la porte à un changement de système anti-triche, mais ce ne sera pas une priorité à court terme.
L’équipe souhaite d’abord stabiliser le jeu et corriger les bugs urgents avant de s’attaquer à ce chantier beaucoup plus complexe.

 

Une question revient sans cesse dans les débats :
Pourquoi utiliser un anti-triche au niveau du noyau pour un jeu essentiellement coopératif (JcE) ?

Pour de nombreux joueurs, ce type de protection ne se justifie que dans des contextes compétitifs en ligne où les tricheurs influencent directement le classement mondial.
Or, Helldivers 2 repose principalement sur des missions coopératives contre l’IA, sans leaderboard public.

Mais selon Jorjani, même dans un jeu JcE, les tricheurs peuvent “ruiner les sessions des autres joueurs” :

« Nous recevons des rapports sur ces joueurs tout le temps », précise-t-il.

Concrètement, certains utilisateurs exploitent des outils de triche pour :

  • se rendre invincibles,

  • accélérer les missions,

  • ou débloquer instantanément des ressources et armes.

Résultat : les parties perdent leur équilibre et leur intérêt pour les autres participants.

 

Arrowhead se retrouve donc dans une situation classique mais épineuse :

  • D’un côté, il faut protéger le jeu contre les tricheurs pour garantir une expérience saine.

  • De l’autre, il faut préserver la stabilité et la confiance des joueurs honnêtes.

GameGuard, déjà critiqué dans d’autres jeux (comme Blade & Soul ou Black Desert Online), traîne une réputation difficile :
intrusif, opaque, et parfois même signalé par certains antivirus comme potentiellement dangereux.

Ce qui inquiète la communauté de Helldivers 2, c’est la combinaison d’un logiciel de sécurité profond et d’un jeu vendu comme “coopératif et fun”.
Beaucoup estiment que la présence d’un anti-triche aussi strict nuit à la philosophie même du titre, qui valorise le travail d’équipe et la liberté de jeu.

 

Shams Jorjani n’a pris les rênes d’Arrowhead que récemment, succédant à Johan Pilestedt, désormais Chief Creative Officer.
Il hérite donc d’un jeu à succès — Helldivers 2 s’est vendu à plus de 12 millions d’exemplaires — mais aussi d’une communauté extrêmement engagée et exigeante.

Chaque mise à jour, chaque ajustement technique est désormais scruté, commenté, et parfois contesté sur les réseaux sociaux.
Et si Arrowhead a bâti sa réputation sur sa proximité avec les joueurs, cette transparence devient aussi une source de tension constante.

 

Pour l’heure, GameGuard reste en place dans Helldivers 2.
Le studio promet d’enquêter, mais aucune date ni décision ferme n’a encore été communiquée.
L’avenir du logiciel dépendra sans doute de deux facteurs :

  • les résultats des tests internes sur l’impact réel des performances,

  • et la pression continue des joueurs, qui réclament un système plus léger et plus respectueux de leur matériel.

Ce débat illustre un enjeu plus large dans l’industrie : jusqu’où peut-on aller pour empêcher la triche sans compromettre la confiance du public ?

 

Arrowhead est face à un équilibre délicat : maintenir la sécurité sans sacrifier la fluidité.
Le PDG se veut rassurant, mais le scepticisme demeure.
Tant que GameGuard restera implanté au cœur du système, la controverse ne cessera pas.

En attendant, les joueurs espèrent que le prochain patch apportera plus de stabilité, et pourquoi pas, les premiers signes d’une solution plus transparente et performante.


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