Remakes vs Remasters : les vieux jeux font un retour triomphal — mais à quel prix ?

Publié le 6 novembre 2025 à 14:03

Le marché du jeu vidéo n’a jamais autant regardé dans le rétroviseur. Selon une étude récente d’Ampere Analysis, les remakes et remasters sortis entre 2024 et 2025 ont attiré 72,4 millions de joueurs sur Xbox, PlayStation et Steam, générant environ 1,4 milliard de dollars de dépenses, entre ventes premium et microtransactions. Un chiffre colossal qui confirme l’appétit du public pour les retours en grâce des licences cultes.

 

Ampere s’est penché sur 42 titres sortis entre janvier 2024 et septembre 2025 — 15 remakes et 27 remasters. L’analyse révèle une tendance nette : les remakes rapportent en moyenne 2,2 fois plus que les remasters. Cette différence s’explique par leur capacité à séduire à la fois les nostalgiques et les nouveaux venus, tout en bénéficiant souvent d’une refonte technique et narrative complète.
Cependant, cette rentabilité apparente a un revers : les remakes demandent des budgets bien plus élevés, plus de temps de développement et des campagnes marketing d’envergure.

Les remasters, eux, représentent une approche plus prudente. En modernisant l’expérience originale sans tout reconstruire, ils offrent un retour sur investissement plus rapide et un risque moindre. Mais leur impact reste limité : ils génèrent moins d’engagement et attirent moins durablement les joueurs.

Parmi les exemples les plus marquants, The Elder Scrolls IV: Oblivion Remastered s’impose comme un cas d’école. Le titre a atteint 180 millions de dollars de dépenses des consommateurs et réuni 7 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur les trois grandes plateformes. Une performance spectaculaire pour un jeu initialement sorti en 2006, qui prouve qu’une refonte bien pensée peut transcender les générations.

 

Derrière cette ruée vers le passé, se cache une logique économique claire. Comme l’explique Katie Holt, analyste principale chez Ampere Analysis :

« Face à l’augmentation des coûts de développement des jeux et des propriétés intellectuelles, les éditeurs puisent de plus en plus dans leurs anciens catalogues pour réaliser des remakes et des remasters rentables. »

Les budgets des AAA modernes atteignent des sommets, parfois comparables à ceux d’Hollywood. Dans ce contexte, revisiter des classiques permet aux éditeurs de capitaliser sur des licences éprouvées, d’éviter les échecs commerciaux et de maintenir la visibilité d’une franchise entre deux épisodes majeurs.

Mais le choix entre un remake et un remaster reste stratégique. Comme le souligne Holt, il dépend de nombreux facteurs :

  • L’état et l’âge du contenu original ;

  • La cohérence avec la vision future de la franchise ;

  • Le niveau de risque financier acceptable ;

  • La compatibilité technique avec les plateformes modernes.

 

Ce que démontre surtout cette étude, c’est la puissance de la nostalgie. Les joueurs d’hier sont aujourd’hui des consommateurs matures, prêts à investir pour revivre les émotions de leur jeunesse — mais avec la qualité visuelle et les fonctionnalités d’aujourd’hui.
Des titres comme Resident Evil 4 Remake, Final Fantasy VII Rebirth ou Oblivion Remastered illustrent cette tendance : les studios réinventent le passé pour le rendre désirable dans le présent.

En somme, les remakes sont devenus un pilier stratégique du marché du jeu vidéo. S’ils demandent plus de ressources, ils offrent aussi un retour d’image et financier puissant, redonnant vie à des univers endormis. Les remasters, eux, restent une solution agile et rentable, mais limitée en impact.

 

Cette vague de remakes et remasters pose une question cruciale : jusqu’où peut-on recycler le passé avant d’en épuiser la magie ?
Les éditeurs devront trouver un équilibre entre préserver leur patrimoine et proposer de nouvelles expériences originales. Car si la nostalgie rapporte, elle ne remplace pas la curiosité des joueurs pour la nouveauté.

 


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