Le CIO rompt avec l’Arabie saoudite : un nouveau départ pour les Jeux olympiques d’e-sport

Publié le 6 novembre 2025 à 14:44

Le monde de l’e-sport vient de connaître un tournant majeur. À peine un an après avoir signé un partenariat historique de 12 ans avec le Comité olympique et paralympique saoudien (SOPC), le Comité International Olympique (CIO) a annoncé la rupture de l’accord, évoquant une réévaluation stratégique de son approche du secteur.

Cette décision marque un changement profond dans la vision du CIO vis-à-vis du jeu vidéo compétitif, et redéfinit les ambitions mondiales autour des futurs Jeux olympiques d’e-sport.

 

En 2024, l’alliance entre le CIO et l’Arabie saoudite avait été perçue comme une étape clé pour institutionnaliser l’e-sport sous la bannière olympique. Le partenariat devait durer 12 ans et placer le royaume au cœur du développement mondial du sport électronique.

Mais selon le communiqué du CIO, les deux parties ont décidé d’y mettre fin à l’amiable, à la suite d’un « examen récent » de leur collaboration. L’organisation précise que chacune poursuivra désormais ses ambitions séparément :

« Les deux parties sont déterminées à poursuivre leurs ambitions respectives en matière d'e-sport, chacune de son côté. »

 

Plutôt que d’abandonner le projet, le CIO a annoncé vouloir repenser complètement son approche. L’objectif : créer un modèle plus aligné sur les valeurs du Mouvement olympique et plus ouvert aux acteurs internationaux du jeu vidéo.

Le communiqué précise :

« Cette approche permettra de mieux adapter les Jeux olympiques d’e-sport aux ambitions à long terme du Mouvement olympique et de diffuser plus largement les opportunités offertes par ces Jeux, dans le but d’organiser les premiers Jeux au plus vite. »

En d’autres termes, le CIO veut bâtir un événement global, neutre et fédérateur, capable d’unir les communautés de joueurs, les éditeurs, les fédérations et les spectateurs — sans dépendre d’un seul partenaire étatique ou institutionnel.

 

De son côté, le Fonds de la Coupe du monde d’e-sport (EWCF) a rapidement réagi pour réaffirmer son engagement dans le développement du secteur. Le royaume, qui investit massivement dans le jeu vidéo depuis plusieurs années, ne semble pas freiné par la décision du CIO.

L’EWCF a déclaré vouloir poursuivre son ambition de faire de la Coupe du monde d’e-sport le plus grand festival mondial de gaming et de compétition. Elle prépare aussi un nouvel événement d’envergure :

« Le lancement de la première Coupe des nations d’e-sport en novembre 2026, un événement marquant célébrant la fierté nationale, la compétition mondiale et le lien communautaire. »

Le fonds insiste également sur sa volonté de promouvoir un écosystème international inclusif et durable, en coopération avec les grands acteurs de l’industrie :

« Nous continuerons à collaborer avec des partenaires internationaux afin d’offrir davantage d’opportunités aux joueurs, aux clubs et aux fans du monde entier, tout en défendant l’esprit du fair-play et de l’innovation qui unit le sport traditionnel et l’e-sport. »

 

Cette séparation dépasse le simple cadre du divertissement. Elle illustre la complexité croissante des relations entre les grandes institutions sportives et les puissances économiques émergentes, notamment l’Arabie saoudite, qui multiplie les investissements dans le sport mondial (football, F1, golf, et maintenant e-sport).

Pour le CIO, la fin de ce partenariat peut être interprétée comme une volonté de garder le contrôle sur sa vision du sport électronique, en préservant ses valeurs de neutralité et d’universalité, souvent mises à l’épreuve par des accords trop étroitement liés à des États.

 

Le projet de Jeux olympiques d’e-sport reste plus que jamais d’actualité. Le CIO a réaffirmé sa volonté d’organiser les premiers Jeux dès que possible, mais dans un cadre repensé.

Cette refonte pourrait impliquer :

  • Une sélection élargie de disciplines (au-delà des jeux sportifs traditionnels) ;

  • Des partenariats multiples avec les éditeurs et fédérations du monde entier ;

  • Une approche décentralisée, plus représentative de la diversité culturelle du gaming.

En parallèle, l’Arabie saoudite consolide son rôle de mécène global du e-sport, multipliant les événements, les infrastructures et les investissements pour devenir une plateforme incontournable du jeu vidéo mondial.

 

La fin du partenariat entre le CIO et l’Arabie saoudite ne marque pas la fin du rêve olympique de l’e-sport — au contraire. Elle symbolise une nouvelle étape de maturité pour un secteur en quête d’équilibre entre ambition commerciale, éthique sportive et reconnaissance institutionnelle.

Le futur des Jeux olympiques d’e-sport s’écrira sans doute plus lentement, mais peut-être aussi plus librement.


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