L’éditeur japonais Square Enix, connu pour des franchises légendaires comme Final Fantasy, Dragon Quest ou Kingdom Hearts, entame une nouvelle ère technologique.
Dans le cadre de son ambitieux plan d’entreprise baptisé “Square Enix Reboots and Awakens”, la société a annoncé un partenariat stratégique avec le laboratoire Matsuo-Iwasawa de l’Université de Tokyo.
Objectif : révolutionner le processus de développement des jeux vidéo grâce à l’intelligence artificielle, et plus particulièrement à l’automatisation de l’assurance qualité et du débogage.
Le partenariat, décrit dans le rapport financier le plus récent de Square Enix, marque une étape clé dans la modernisation de sa production.
Le projet porte un nom évocateur :
“Développement conjoint d'une technologie d'automatisation de l'assurance qualité des jeux utilisant l'IA générative.”
Cette initiative est menée par une équipe de recherche conjointe de plus de dix spécialistes, mêlant les chercheurs de l’Université de Tokyo et les ingénieurs internes du groupe Square Enix.
Leur mission : concevoir et intégrer des outils basés sur l’intelligence artificielle capables d’identifier automatiquement les bugs, tester les scénarios de jeu, et réduire considérablement le temps nécessaire au contrôle qualité (QA).
Le but affiché est audacieux :
« Automatiser 70 % des tâches d’assurance qualité et de débogage dans le développement de jeux d’ici fin 2027. »
Le QA (Quality Assurance), ou assurance qualité, est une étape cruciale mais souvent chronophage dans le développement d’un jeu vidéo.
Elle consiste à tester chaque élément du jeu — gameplay, graphismes, scripts, performances, interactions — pour déceler les bugs et garantir une expérience fluide au joueur final.
Traditionnellement, cette phase repose sur des équipes humaines nombreuses, travaillant des centaines d’heures à explorer toutes les possibilités qu’un joueur pourrait rencontrer.
Mais avec la complexité croissante des jeux modernes, notamment les mondes ouverts et les systèmes procéduraux, les tests manuels deviennent de plus en plus coûteux et lents.
L’automatisation via l’IA pourrait donc réduire drastiquement les coûts et les délais, tout en améliorant la fiabilité des tests.
L’innovation de ce projet réside dans l’usage de l’IA générative — la même famille de technologies que celles qui alimentent des modèles comme ChatGPT, Gemini ou Claude — mais appliquée au développement de jeux vidéo.
Concrètement, cette IA pourrait :
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Analyser automatiquement le code et les scripts pour détecter des erreurs logiques.
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Simuler le comportement de milliers de joueurs virtuels, explorant le jeu de façon exhaustive.
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Prédire les zones à risque de crash ou de déséquilibre dans le gameplay.
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Générer des rapports automatiques à destination des équipes de développement, avec des suggestions de correction.
Le résultat attendu est une plateforme interne d’assurance qualité semi-autonome, capable de tester en continu les nouvelles versions d’un jeu au fur et à mesure de sa création.
Ce partenariat s’inscrit dans la stratégie plus large du plan Square Enix Reboots and Awakens, qui vise à moderniser les outils de production, rationaliser les coûts, et repositionner le groupe dans une industrie ultra-compétitive.
Face à des géants comme Capcom, Bandai Namco ou même les studios occidentaux de Microsoft et Sony, Square Enix cherche à accélérer la cadence de ses sorties tout en maintenant la qualité qui fait sa réputation.
Si l’idée d’une IA contrôlant la qualité d’un jeu peut inquiéter, Square Enix précise que l’objectif n’est pas de remplacer les testeurs humains, mais de leur fournir des outils plus puissants.
Ainsi, l’IA devient un copilote, permettant aux équipes humaines de se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Si Square Enix atteint son objectif d’ici 2027, cela pourrait transformer profondément la façon dont les jeux vidéo sont testés et validés dans toute l’industrie.
Square Enix n’en est d’ailleurs pas à son premier contact avec l’intelligence artificielle :
le studio avait déjà expérimenté des outils de reconnaissance vocale et de génération procédurale dans ses précédents projets, mais cette nouvelle initiative marque un tournant structurel et institutionnel.
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