L’industrie du jeu vidéo traverse une nouvelle zone de turbulences, cette fois au cœur d’un des studios les plus influents et les plus surveillés du monde : Rockstar Games, développeur de Grand Theft Auto VI.
Selon une information relayée par Game Developer, le syndicat britannique Independent Workers of Great Britain (IWGB) a décidé d’intensifier son action juridique contre Rockstar à la suite du licenciement de plus de 30 de ses membres, survenu le 2 novembre 2025.
Cette affaire, déjà explosive, prend désormais une dimension judiciaire : l’IWGB a déposé des plaintes formelles devant les tribunaux du Royaume-Uni, accusant Rockstar de pratiques antisyndicales, d’atteintes au droit du travail et de représailles injustifiées.
Selon l’IWGB, ces plus de 30 employés licenciés—tous membres du syndicat—ont été évincés dans des conditions qualifiées de « totalement inacceptables et illégales ».
Pour le syndicat, il ne s’agit pas d’une restructuration classique ni d’un ajustement budgétaire, mais d’un acte délibéré visant à affaiblir un mouvement syndical en pleine croissance dans le secteur du jeu vidéo britannique.
L’organisation explique avoir tenté, à plusieurs reprises, de rencontrer Rockstar pour discuter de la situation, négocier, et éventuellement éviter une confrontation frontale.
Mais selon leur communiqué, ces tentatives se sont heurtées à une obstruction systématique, poussant le syndicat à saisir la justice.
Au cœur de cette bataille, l’IWGB accuse Rockstar de mener une véritable campagne de répression syndicale.
« Nos membres affirment que le comportement de Rockstar constitue une persécution et une mise à l’écart des syndicats », a déclaré l’équipe juridique de l’IWGB.
Ces propos soulignent la gravité du litige : si ces accusations sont confirmées, Rockstar pourrait être reconnu coupable d’entrave illégale à la liberté d’association, un délit sévèrement sanctionné par le droit du travail britannique.
Cette affaire surgit dans un contexte déjà tendu, marqué par une autre annonce récente : le report de Grand Theft Auto VI à novembre 2026.
Un retard qui, selon certains observateurs, pourrait avoir aggravé les pressions internes au studio.
Le président du syndicat, Alex Marshall, ne mâche pas ses mots.
Selon lui, Rockstar aurait franchi une ligne rouge claire :
« Rockstar s'est livré à une pratique antisyndicale pure et simple », affirme-t-il.
Marshall insiste sur le fait que l’organisation entend mener une enquête judiciaire approfondie, déterminée à faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé en interne.
Il souligne également un élément clé de l’affaire :
Rockstar aurait tenté de limiter ou de surveiller l’activité syndicale via des espaces privés comme des serveurs Discord, ce qui, selon l’IWGB, constitue une violation des protections légales existantes.
Marshall est formel :
« Les employeurs comme Rockstar feraient bien de comprendre que les espaces privés tels que les serveurs Discord des syndicats bénéficient de protections et que les clauses contractuelles de leur entreprise ne prévalent pas sur le droit britannique. »
Cet argument pourrait devenir un élément central du procès : les communications syndicales, même en ligne et sur des plateformes non officielles, restent protégées par la loi.
Cette affaire représente une étape majeure pour le mouvement syndical dans une industrie régulièrement critiquée pour ses conditions de travail difficiles, ses périodes de crunch, et sa gestion parfois opaque des ressources humaines.
L’IWGB, déjà active dans plusieurs secteurs précaires du Royaume-Uni, mène ici l’un de ses combats les plus importants contre un géant mondial.
L’affaire pourrait créer un précédent juridique majeur pour les travailleurs du jeu vidéo, notamment en matière d’organisation syndicale et de protection contre les représailles.
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