L’intelligence artificielle est en train de devenir un élément incontournable du développement de jeux vidéo. Qu’il s’agisse de génération de textures, de création de dialogues, de prototypage ou d’animation, l’IA s’infiltre partout. Mais cette présence croissante soulève une question simple : doit-on réellement indiquer qu’un jeu a été “conçu avec une IA” ?
Ce débat, déjà ancien, a été relancé ce mois-ci après qu’un utilisateur de X (anciennement Twitter), Matt Workman, a déclaré :
« Steam et toutes les plateformes de distribution numérique doivent abandonner l'étiquette "Conçu avec une IA". Cela n'a plus aucune importance. »
Un avis qui n’est pas passé inaperçu, puisque Tim Sweeney, cofondateur et PDG d’Epic Games – l’entreprise derrière Fortnite, Unreal Engine et l’Epic Games Store – a pris la parole pour exprimer son accord total.
Tim Sweeney : « L’étiquette IA n’a plus aucun sens pour les boutiques de jeux »
En découvrant la publication, Sweeney a répondu sans détour : oui, selon lui, cette étiquette est devenue inutile.
Son argument principal : l’IA va être tellement omniprésente dans le développement de jeux à l’avenir que l’information deviendra superflue. Pour lui, indiquer que l’IA a été utilisée n’aura bientôt plus plus de pertinence que mentionner le logiciel de dessin ou le type de clavier utilisé par un développeur.
Il précise :
« L’étiquette IA est pertinente pour les expositions d’art, afin de garantir la transparence quant à l’auteur, et pour les plateformes de licences de contenu numérique, où les acheteurs doivent comprendre la situation en matière de droits. »
« Elle n’a aucun sens pour les boutiques de jeux vidéo, où l’IA sera présente dans la quasi-totalité des productions futures. »
En d’autres termes, là où les questions d’auteur ou de droits sont essentielles — comme dans les galeries d’art ou sur les marketplaces de contenus — la transparence est indispensable.
Mais dans le monde du jeu vidéo, l’utilisation d’IA deviendra la norme, au même titre que l’usage d’un moteur comme Unreal Engine ou Unity.
Un autre utilisateur de X a néanmoins soulevé un argument souvent entendu :
« Les clients méritent de savoir. »
Une phrase à laquelle Sweeney a répondu avec humour, mais aussi un brin de provocation :
« Pourquoi s'arrêter à l'utilisation de l'IA ? On pourrait exiger la divulgation de la marque de shampoing utilisée par le développeur. Les clients méritent de savoir, lol. »
Derrière la plaisanterie se cache un point de vue plus profond :
si tout élément du processus créatif devait être divulgué, où s’arrêterait-on ?
Aujourd’hui, l’IA est un outil parmi d’autres — un outil puissant, certes, mais qui finira par être banalisé, comme Photoshop, Maya ou Blender.
Vers une normalisation totale de l’IA dans le gaming
Avec la rapidité d’évolution des outils IA et leur adoption massive par les studios — des plus grands aux indépendants — il semble en effet plausible que, dans quelques années, mentionner l’usage d’IA devienne aussi absurde que préciser “Créé avec un ordinateur”.
L’intervention de Tim Sweeney ne règle pas le débat, mais elle reflète une tendance lourde : les leaders de l’industrie considèrent l’IA comme un futur standard, pas comme une exception.
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