Physint : Kojima veut réinventer l’infiltration en brouillant la frontière entre cinéma et jeu vidéo

Publié le 9 décembre 2025 à 15:25

Dans une interview accordée à Ananweb, Hideo Kojima est revenu longuement sur l’événement Beyond the Strand, organisé en septembre dernier pour célébrer le 10ᵉ anniversaire de Kojima Productions. Si l’événement a permis d'en apprendre davantage sur plusieurs projets en cours, l’un des plus attendus est sans conteste Physint, son prochain grand jeu d’infiltration édité par Sony.

 

Kojima, connu pour avoir redéfini le genre avec Metal Gear, parle de Physint avec un mélange d’assurance, d’humilité et d’ambition créative. Lorsqu’on l’interroge sur ce nouveau titre, il commence par plaisanter : « Comme c'est un jeu d'espionnage, je pourrais le créer les yeux fermés ». Une manière légère d’admettre que ce terrain lui est familier depuis plus de 30 ans. Selon lui, construire une base narrative classique — un soldat qui infiltre une zone ennemie, se fait repérer, capturer, puis élimine les adversaires un à un — est presque naturel. Ce type de progression, dit-il, reste amusant et a depuis longtemps prouvé son efficacité.

Mais Kojima insiste immédiatement sur un point crucial : Physint n’a pas vocation à être un simple retour aux sources. Au contraire, il affirme vouloir combattre justement cette facilité, en introduisant de nouvelles mécaniques conçues pour renouveler le genre. Selon lui, refaire ce qu’il sait déjà faire serait confortable… mais inutile. L’objectif est de créer quelque chose qui dépasse les cadres habituels, à la fois pour les joueurs et pour lui-même en tant que créateur.

 

C’est ici que Physint prend une véritable dimension expérimentale. Kojima déclare que son équipe souhaite brouiller la frontière entre le cinéma et le jeu vidéo, un rêve qu’il nourrit depuis des années. Mais cette fois, il semble déterminé à aller plus loin que jamais. Il évoque la possibilité de travailler non seulement avec des acteurs — une pratique déjà bien ancrée dans ses productions — mais aussi avec des équipes de production cinématographique entières. Décors, direction artistique, méthodes de tournage : tout pourrait être repensé pour créer une œuvre hybride, un objet qui serait autant un film qu’un jeu, sans en être réellement un.

Il admet cependant que cette ambition soulève des interrogations : « Je me demande comment cela se passera », confie-t-il. L’intégration de processus cinématographiques dans un pipeline de développement vidéoludique est un défi colossal, tant sur le plan artistique que technique. Mais comme toujours, Kojima paraît animé par le désir de franchir une nouvelle frontière, même s’il ne sait pas encore précisément ce qui l’attend.

 

Dans un passage particulièrement intéressant, Kojima observe aussi la vitesse à laquelle le monde réel évolue. Selon lui, les thèmes sociaux, politiques ou technologiques qu’il tente d’incorporer dans Physint risquent même de devenir réalité avant la sortie du jeu. Les mutations rapides des structures sociales et culturelles rendent l’écriture plus complexe, mais aussi plus pertinente. C’est un enjeu qu'il connaît bien : ses jeux ont souvent anticipé des problématiques contemporaines.

En définitive, Physint apparaît comme un projet où Kojima retourne à l’espionnage… tout en essayant de réinventer ce qu’il a lui-même créé. Une œuvre qui cherche autant à honorer un héritage qu’à ouvrir une nouvelle voie pour la narration interactive, en fusionnant cinéma et gameplay dans une forme inédite.

À travers cette interview, Kojima montre qu’il ne se contente jamais du connu : même dans le domaine où il excelle, il veut surprendre, expérimenter et aller là où personne n’attend réellement le jeu vidéo.


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