Conflit ouvert entre Loongforce et Sony Interactive Entertainment China : accusations graves autour du projet Convallaria

Publié le 16 décembre 2025 à 18:03

Une affaire sensible secoue actuellement l’industrie du jeu vidéo en Chine et au-delà. Selon un rapport détaillé de Noisy Pixel, basé sur l’examen de courriels internes, journaux de discussion et plaintes officielles, le studio chinois Loongforce, basé à Chengdu et membre du programme China Hero Project, accuse la division chinoise de Sony Interactive Entertainment (SIE China) de mauvaise gestion, de préjudices financiers majeurs et même d’une tentative de prise de contrôle de son jeu, Convallaria, après plusieurs années de développement chaotique.

À l’origine, Convallaria — un jeu de tir coopératif — devait incarner l’un des projets phares du China Hero Project, initiative de Sony visant à soutenir les talents locaux. Mais selon Loongforce, la relation avec SIE China aurait commencé à se détériorer après un changement de direction interne en 2022.
Le studio affirme que, dès cette période, la communication s’est ralentie, le soutien éditorial est devenu erratique, et que des décisions cruciales ont été repoussées à répétition, souvent sans justification claire.

La situation se serait aggravée à partir de mi-2023. Loongforce explique que de nombreuses demandes concernant le marketing, le déploiement des serveurs et le plan de lancement sont restées sans réponse. Même après une étape clé — l’approbation de la bêta interne par Sony en janvier 2025 — le studio affirme que le projet a été gelé de facto.

Aucun test joueur n’aurait été organisé, aucune page de boutique n’aurait été créée, et aucune action marketing n’aurait été lancée. Pour Loongforce, ces éléments traduisent une mise à l’écart progressive de Convallaria, malgré un développement toujours actif côté studio.

Autre point de crispation majeur : Loongforce affirme que Convallaria a été retiré de la communication officielle du China Hero Project. Bien qu’un producteur du studio ait participé au tournage de la vidéo célébrant le 10ᵉ anniversaire de PlayStation China, le jeu aurait été exclu du montage final, sans la moindre explication fournie au studio. Une omission perçue comme un signal fort de désengagement.

Les conséquences économiques deviennent dramatiques début 2025. Loongforce affirme que des retards de paiement répétés ont entraîné des pertes mensuelles dépassant 230 000 dollars, plaçant le studio au bord de la faillite en avril. Malgré cette situation critique, l’équipe indique avoir continué à travailler activement : livraisons hebdomadaires, maintenance du projet et même test de serveur aux États-Unis.

Selon le studio, Sony aurait ensuite résilié un accord de paiement existant et proposé de nouvelles conditions de collaboration jugées déraisonnables, poussant Loongforce à interrompre officiellement le partenariat. Les pertes totales liées à cette collaboration seraient estimées à plus d’un million de dollars.

Loongforce soulève également de sérieuses inquiétudes structurelles au sein de SIE China. Le studio affirme que certains travaux sous-traités auraient été attribués systématiquement à Virtuos, sans appel d’offres ni validation des développeurs.
Plus grave encore, Loongforce déclare avoir été contraint de financer une restructuration de la sécurité informatique menée par une entreprise liée à d’anciens employés de Virtuos — des travaux que le studio estime hors de ses obligations contractuelles.

Le conflit aurait atteint son point de rupture en juin 2025. Loongforce affirme avoir été informé que la direction du développement de Convallaria serait transférée à une “équipe mondiale de SIE”. Selon le studio, un refus aurait conduit à l’annulation pure et simple de la sortie du jeu.
Loongforce qualifie cette proposition de tentative de prise de contrôle, remettant en question à la fois la légitimité juridique et la faisabilité technique d’une telle décision.

Le studio précise enfin qu’il n’a pas choisi la voie publique à la légère. Loongforce affirme avoir cherché une résolution interne pendant plus d’un an, sans succès, avant de rendre l’affaire publique. Cette sortie médiatique marque donc, selon eux, un ultime recours face à une situation devenue intenable.

Si ces accusations restent à ce stade unilatérales, elles soulèvent de nombreuses questions sur la gestion des partenariats internationaux, la protection des studios indépendants et les équilibres de pouvoir au sein des grands programmes d’édition. L’affaire Convallaria pourrait bien devenir un cas d’école sur les risques encourus par les studios émergents lorsqu’un projet dépend fortement d’un partenaire majeur.


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