Avis – South of Midnight : le charme brisé d’un conte gothique

Publié le 5 mai 2025 à 16:11

South of Midnight avait tout pour séduire sur le papier : une direction artistique unique inspirée du stop-motion, un univers Southern Gothic rarement exploré dans le jeu vidéo, et une héroïne attachante dans un monde étrange, poétique et sombre. Mais une fois la manette en main, l'enchantement cède peu à peu la place à la frustration.

Difficile de ne pas être séduit lors des premières heures. Le jeu impressionne par sa direction artistique audacieuse, avec ses personnages à l’animation "hachée" façon marionnettes, ses paysages baignés de lumière du Sud, et une bande-son bluesy parfaitement dosée. Le voyage visuel est incontestablement l’un des grands points forts du titre. L’univers Southern Gothic est exploité avec intelligence : créatures fantastiques issues du folklore du sud des États-Unis, lieux délabrés et ambiances poisseuses. On retrouve même quelques références subtiles à Tennessee Williams, ce qui témoigne d’un vrai soin narratif pour celles et ceux qui apprécient les tragédies sociales aux accents surnaturels.

Les phases d’exploration et de plateforme sont plutôt plaisantes. Elles offrent de jolis panoramas et un certain plaisir de progression, mais le manque de renouvellement finit par peser. On avance dans des environnements similaires, sur des mécaniques qui peinent à se renouveler, rendant le tout répétitif sur la durée. L’envie de découverte s’émousse à mesure que les zones deviennent prévisibles.

C’est sans doute là que le bât blesse. Les combats sont non seulement ratés, mais ils deviennent un réel frein à l’expérience. Dès la deuxième moitié du jeu, le système de combat montre toutes ses limites : un bestiaire famélique (six ennemis différents à tout casser), une inertie gênante dans les déplacements, des animations trop saccadées, et une absence totale de dynamisme. Le tout donne lieu à des affrontements mous, où l’on enchaîne les coups dans le vide en espérant vider des barres de vie trop longues. Les boss bénéficient d’un peu plus de soin, avec des patterns lisibles et une difficulté équilibrée. Mais là encore, l’enthousiasme s’estompe rapidement une fois le schéma compris.

South of Midnight repose sur une structure malheureusement très redondante : explorer une zone → nettoyer une arène de combat → déclencher une cinématique → recommencer. Ces fameuses arènes à vider, qui reviennent sans cesse, finissent par casser le rythme, et, pire encore, elles étouffent la belle ambiance mise en place.

Le scénario, inspiré du Southern Gothic, traite de thèmes sombres : pauvreté, violence familiale, secrets de famille. Le contraste avec la DA presque enfantine à la Coraline peut créer un décrochage de ton, mais ce paradoxe reste intéressant. On sent une vraie volonté de raconter quelque chose de mature, malgré une exécution parfois maladroite.

Faut-il jouer à South of Midnight ?

Oui, mais avec de sérieuses réserves :

South of Midnight vaut le coup d’œil si vous êtes sensible aux univers originaux, aux expériences artistiques, et que vous privilégiez l’exploration et l’ambiance à l’action pure. Pour ces joueuses et joueurs-là, il peut offrir un vrai voyage.

En revanche, si vous attendez un jeu d’action solide, avec un gameplay exigeant ou un système de combat gratifiant, passez votre chemin. L’ennui, voire la frustration, guette rapidement. Et même les plus curieux pourraient ne pas tenir jusqu’au bout, tant la répétitivité finit par éroder tout le plaisir.


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.